Saccageons les Halles de Paris !

Publié le par Yves-André Samère

Je m’intéresse forcément au quartier des Halles, puisque j’ai choisi d’y vivre et que je n’en partirai jamais. Or les Halles semblent être le terrain de jeu favori des dirigeants, qui le ravagent à intervalles réguliers. Mais d’abord, une précision : les Halles ne sont pas la propriété du gouvernement, elles appartiennent à la Ville de Paris. Par conséquent, lorsque le pouvoir politique décide de les « réaménager », ainsi qu’il le prétend, c’est un coup de force, inspiré surtout par le désir de faire une opération immobilière, et devinez au profit de qui ! Vous avez compris : au profit du parti au pouvoir.

Lorsqu’il fut décidé une première fois de déménager les Halles, du centre de Paris vers la Villette (pour l’abattage des animaux) et surtout vers Rungis, en banlieue sud, pour les autres commerces, la décision fut prise le 14 mars 1960 par Michel Debré, Premier ministre gaulliste, et ce fut au bénéfice de la SEMAH (Société d’Économie Mixte d’Aménagement des Halles), entreprise immobilière tout aussi gaulliste : il y avait des milliards à ramasser. Qu’importe alors qu’on ait dû chasser les habitants du quartier (pauvre), lancer un chantier gigantesque qui bouleversa tout le centre de Paris durant huit ans (de 1971 à 1979), remplacer toutes les vieilles bâtisses par des constructions hideuses et sans inspiration, et augmenter la pollution et le gaspillage de carburant auxquels on ne songeait alors pas, puisque, désormais, une noria quotidienne de camions se mit à engorger les voies d’accès vers Rungis.

Ce transfert malencontreux coûta plus cher que si on avait simplement aménagé les lieux, mais on s’en abstint. Un simple exemple : on mit plus de huit ans pour remettre en état l’un des pavillons qui avait brûlé ! On prétendit aussi que la circulation nocturne des véhicules convergeant vers les Halles embouteillait fortement le quartier, et qu’il urgeait d’y remédier, mais force est de constater que les nouvelles Halles sont tout aussi embouteillées qu’auparavant, puisqu’on a supprimé un grand nombre de voies d’accès, qui existaient autrefois entre les dix pavillons Baltard, aujourd’hui détruits (et qui, soit dit en passant, étaient  des chefs-d’œuvre architecturaux ! On n’en a conservé qu’un seul, acheté par une commune de banlieue pour en faire un théâtre).

Mais ce n’était pas fini !

Le nouveau quartier, dit « Forum des Halles », était architecturalement raté, se mit à rameuter les banlieusards qui pensaient y trouver le luxe et la vie brillante qui leur faisait défaut, et... fit faire un bond à la délinquance, puisque les Halles devinrent le principal centre de commerce de la drogue et le terrain de chasse des voleurs à la tire. Les incidents et les plaintes s’accumulèrent, au point que le nouveau pouvoir, socialiste cette fois, décida de tout refaire. Un nouveau chantier prit la succession du premier, en 2004, et ne s’achèvera, peut-être, qu’à la fin de 2016. Mais, d’ores et déjà, le jardin au pied de l’église Saint-Eustache, baptisé du nom de Nelson Mandela, est d’une esthétique catastrophique, sans ombre, sans eau, sans guère d’espaces verts, bétonné à outrance, et les Parisiens du quartier le fuient.

Je n’en ai pas terminé avec les Halles, mais, dans un prochain article, je parlerai un peu de son histoire.

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