Croyant contre sceptique
Comme j’ai passé l’âge de rêver au Père Noël, vous feriez erreur si, au mépris de l’évidence, vous me croyiez croyant. En fait, ne doutez pas que je doute. Mais alors, ô Maître Yoda, me direz-vous, quelle différence entre un sceptique et un croyant ? C’est très simple, ouvrez vos cahiers pour prendre des notes.
Supposez que, sur une chaîne de télé sérieuse, par exemple Numéro 23 dont Christophe Nobili vous fait l’éloge cette semaine en page 4 du « Canard », vous entendiez dire que, tout comme en 1987 à Las Vegas, des extra-terrestres pour une fois « gris » (en général, ils sont verts, chacun sait ça) ont atterri en soucoupe volante et y ont embarqué un couple pour voler son fœtus à la femme, qui était enceinte. Comment réagiriez-vous face à cette histoire aussi banale que crédible ?
Le sceptique vous dira ceci, à peu de choses près : « Très bien, je suis ouvert à tout, et prêt à croire à cette histoire, pour peu que vous me fournissiez des preuves. En attendant, je réserve mon opinion ».
Le croyant vous dira certainement : « Je ne vois aucune raison de douter de cette histoire, et j’attends qu’on me prouve qu’elle ne s’est jamais produite ».
Ce raisonnement, je crois tant qu’on ne me prouve pas que c’est faux, est très répandu, et fort utile à tous les charlatans et tordeurs de cuillères qui répandent des âneries. Car, si on y réfléchit un peu, il est IMPOSSIBLE de prouver que quelque chose n’existe pas. Seul l’inverse, prouver qu’une chose s’est produite, est possible.
Je sais, la frontière semble étroite. Mais pas si on fait fonctionner ses petites cellules grises, comme disait Hercule Poirot.
(En attendant, chers croyants, reconnaissez qu’à aucun moment je n’ai prétendu prouver que Jésus n’est pas ressuscité. J’attends simplement qu’on m’en fournisse la preuve. Et comme je suis très patient...)