À la recherche d’une Vierge

Publié le par Yves-André Samère

Aujourd’hui, profitant du beau temps et de la température clémente (vive le réchauffement climatique !), je suis allé au Louvre, un lieu difficile à maîtriser – je n’ose dire « apprivoiser ». Soit dit en passant, jamais de ma vie je n’ai vu autant de Japonais au même endroit. Quelque chose me dit qu’ils sont moins nombreux à Osaka...

Je cherchais à voir une œuvre d’un certain artiste de la Renaissance italienne, Della Robbia, mais dont j’avais oublié le prénom. Et tous les gardiens que j’ai interrogés se sont appliqués à mal me renseigner. N’oublions pas que nous sommes en France, pays qui a inventé l’incompétence, je m’enfoutisme, la cancritude et la paresse. Seule, une fille a fait des efforts – il est vrai qu’elle était arabe –, et elle a interrogé quelqu’un au téléphone, mais comme, au hasard, j’avais indiqué que mon artiste se prénommait sans doute Antonio, son interlocuteur n’a rien trouvé et lui a dit que le Louvre n’avait qu’un seul Della Robbia, prénommé Giovanni, et qu’il se trouvait dans le département réservé à la sculpture.

En réalité, après m’être débrouillé seul avec ce mince renseignement, j’ai fini par dénicher ce que je cherchais, une merveille intitulée Vierge à l’Enfant avec trois Chérubins, que vous pouvez admirer ICI. L’artiste, finalement, se prénommait Andrea, un prénom que j’aime beaucoup, et figurez-vous que, sur les quinze membres de la famille recensés au Louvre, tous artistes sur quatre générations, aucun ne s’appelle Antonio ! J’avais eu du flair. Il y avait bien un Giovanni, et il était loin d’être le seul, comme on me l’avait affirmé.

Mais pourquoi avait-il été si difficile de le trouver ? Parce que les Della Robbia n’étaient ni peintres ni sculpteurs, mais... entre les deux ! En fait, ils fabriquaient leurs œuvres en terre cuite, les faisaient cuire une première fois, puis les peignaient, les vernissaient, les badigeonnaient à l’émail, et les faisaient cuire une seconde fois. Si bien que leurs œuvres ne se trouvent pas dans les salles consacrées à la peinture, et on les a reléguées dans un sous-sol obscur et sinistre, que j’ai découvert au moment où cette recherche commençait à me bassiner sérieusement.

Vous allez avoir davantage de chance, car, à présent, vous taperez « Della Robbia » sur Google, et dans la page de résultats, vous cliquerez sur Images. Il est toujours bien, Google. On devrait le nommer ministre de la Culture.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Beaucoup aimé le "portrait d'une dame" de Luca Della Robbia. <br /> Je pense que ce style de médaillons/sculptures doit sembler complètement démodé aux responsables du Louvre. Une chose me surprend : ils n'ont pas de base de données à mettre à la disposition des gardiens ? Je sais que le fonds du Louvre est pléthorique, mais il y a eu pire comme données à enregistrer.
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Y
Base de données : j’ai posé la question (je pose toujours beaucoup de questions). On a paru embarrassé... Quelque chose me dit qu’on se débrouille mieux au Prado, au Vatican, à la Tate Gallery ou à l’Ermitage. Plutôt que d’enterrer le Louvre à trois étages au-dessous de la surface du sol parisien, on aurait mieux fait d’investir dans un système qui fonctionne.