Le bal des présidents maladroits

Publié le par Yves-André Samère

C’est un rapide, Macron ; d’ailleurs, c’est l’image de lui qu’il veut donner. Réussite totale : après seulement deux mois de pouvoir, il est déjà impopulaire comme jamais !

Cela dit, il n’est ni le premier ni le dernier. En janvier 1960, De Gaulle était déjà conspué dans les rues d’Alger, avec la semaine des barricades qui fit 24 morts et 200 blessés, après une semaine d’émeutes animées par ceux qui rejetaient sa toute nouvelle politique algérienne. Bien la peine d’avoir clamé « Vive l’Algérie française ! » à Mostaganem, le 6 juin 1958. Bref, il passait, au choix, pour une girouette ou pour un menteur.

Pompidou, qui lui succéda en 1969, connut aussi des ennuis, mais pas avec la rue. C’est son Premier ministre qui lui tint lieu d’épine dans le pied. En effet, Jacques Chaban-Delmas, qui dirigeait un gouvernement de droite, s’était mis en tête, sans même lui en parler, de faire une politique de gauche, qu’il appelait « la nouvelle société ». Réaction de Pompidou devant des journalistes : « La nouvelle société ? J’ai déjà assez à faire avec l’ancienne ». C’est Giscard et « Le Canard enchaîné » qui le tirèrent d’affaire : Giscard, qui était ministre des Finances, avait communiqué à ce journal la feuille d’impôts de Chaban, qui prouvait que le chef du gouvernement n’en avait pas payé plusieurs années de suite. Il est vrai qu’il s’était contenté de bénéficier d’une règle, celle de l’avoir fiscal, inventée par Giscard lui-même ! Déjà traître, le faux porteur de particule.

Devenu président à son tour, Giscard fut victime de ses mauvaises fréquentations. Obsédé par la chasse au gros gibier, il se rendait chaque semaine en Centrafrique – à nos frais –, et se laissait donner du « cher cousin » par Bokassa, l’empereur autoproclamé de ce pays. Hélas, les deux hommes se brouillèrent à cause d’une femme, et Giscard profita d’une absence de Bokassa pour envoyer ses soldats en Centrafrique, afin de le renverser. Trop zélés, ces militaires tombèrent sur des documents compromettants... pour Giscard, et prouvant que ce dernier avait reçu des diamants en cadeau de la part de son ex-cher cousin. Les diamants de Bokassa lui coûtèrent sa réélection en 1981, et Mitterrand le battit sans peine.

Mitterrand inaugura son premier septennat avec le fameux « état de grâce », qui, hélas, dura moins d’un an. Dès mars 1982, après avoir perdus quatre élections législatives partielles puis les cantonales, Mitterrand décida d’user de la rigueur. Ce fut le début de la fin, début accentué par les manières monarchiques du président « de gauche », et par le fait qu’il avait facilité l’entrée du Front National à l’Assemblée nationale, pour embêter les communistes.

Chirac fut très maladroit. Mal conseillé par son entourage, il laissa Juppé provoquer une grève générale monstrueuse, fit reprendre les essais de la bombe atomique le jour anniversaire de la bombe sur Hiroshima, et, comble de stupidité, résolut de dissoudre une Assemblée nationale qui lui était entièrement favorable. Conséquence : le retour de la gauche au Parlement, et l’obligation de prendre un socialiste, Jospin, comme Premier ministre.

Autre bourde : avoir gardé Sarkozy au gouvernement. Celui-ci entama un long travail de sape, déboulonnant Chirac, auquel il succéda, sans être capable de garder à son poste le minimum de dignité indispensable. Sans cesse ridicule, il vida les étriers et laissa la place à Hollande, qui ne s’en tira pas mieux.

Mais là, c’est trop récent pour qu’il soit nécessaire de rappeler les faits.

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