Langue de bois : 2. Sigles et acronymes

Le mot sigle vient du latin juridique sigla, qui signifie « signes abréviatifs », c’est-à-dire une « suite des initiales de plusieurs mots ». Exemple : RPF pour « Rassemblement du Peuple Français », le parti inventé par De Gaulle le 14 avril 1947, après sa première démission en 1946. On écrit ce type de terme, invariable, en majuscules et sans points ni espace ni trait d’union. Presque identique, l’acronyme se rapproche davantage du mot et tend à devenir un nom commun, comme sida ou laser, et peut prendre ainsi la marque du pluriel, comme dans ovnis.

Sigles et acronymes servent beaucoup en langue de bois, car ils excellent à cacher la signification réelle de ce qu’ils signifient, signification qui est souvent une imposture ! Nul en effet ne se souciera de ce qu’implique un acronyme comme SDF (Sans Domicile Fixe), ou, durant la guerre d’Algérie, de ce que cachait le signe FSNA (Français de Souche Nord-Africaine, pour désigner les Arabes d’Algérie). Ils sont donc efficaces et ne coûtent pas cher...

J’ai déjà cité dans ma notule précédente les sigles JAMO et JAMP, respectivement jeunes avec moins d’opportunité et jeunes avec moins de possibilités, odieusement hypocrites comme la plupart des abréviations, mais le vocabulaire « social » en fourmille, avec le célèbre DRH (Directeur des Ressources Humaines, mis pour « chef du personnel », et vigoureusement dénoncé par Laurent Cantet dans son célèbre film Ressources humaines, puisque le faux-cul-isme atteint ici une apogée en jouant sur le qualificatif humaines, qui a plusieurs sens). Mais il y a aussi les ZUS, ZEP, ZRR, CUCS et autres, qui servent à rebaptiser proprement les quartiers pauvres dans les villes pourries. Et nul n’ignore le RMI, les ASSEDIC, le P.I.B., l’I.V.G., les bien connus O.G.M., les O.P.A. en Bourse, le C.I.O. et le F.M.I. – sans oublier les FAQ sur Internet, l’OTAN, l’UNICEF, le Modem, TF1, l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), le Benelux, le pacs, les Sicavs, le VTT et les LGBT !

Là encore, j’en oublie des dizaines, tant nous sommes gavés par ce charabia.