Festival d’Avignon : « Thyeste »

Publié le par Yves-André Samère

Cet après-midi, j’ai visionné la vidéo de la pièce qui fait fureur en ce moment au Festival d’Avignon, ce Thyeste dû à Sénèque, et que, si le cœur vous en dit, vous pouvez télécharger avec le logiciel Captvty : allez sur l’onglet de France 2, déroulez le menu jusqu’à la date du 10 juillet, et cliquez sur « Théâtre d’Avignon : Thyeste ». Le spectacle dure deux heures et demie, et « Le Canard enchaîné » de cette semaine en a fait une critique favorable.

Cela étant, je suis tout à fait de l’avis de Jacques Nerson, excellent critique de théâtre, et qui a été le seul à dire, dans Le masque et la plume diffusé hier soir, que cette pièce n’était pas très bonne, et, par exemple, ne valait pas Titus Andronicus (il a été le seul à citer cette pièce de Shakespeare, à laquelle j’avais pensé en lisant le résumé de Thyeste), et qui ne vaut, en somme, que pour la dernière demi-heure, où Atrée révèle à son frère Thyeste en quoi sa vengeance a consisté : il a tué les trois enfants de son frère, les a fait cuire et les a fait manger au père, ne lui révélant la vérité qu’à la fin ! On ne voit rien de tout cela, évidemment, et le récit, interminable, en est fait par un personnage féminin qui n’a aucun autre rôle dans le spectacle, lequel compte dix acteurs. Je dois dire que Titus Andronicus est beaucoup plus horrible – même si vous jugez la chose inconcevable –, car ce n’est pas la seule atrocité de la pièce du grand Will. Signalons que, de celle-ci, un film de deux heures et quarante-deux minutes a été tiré, en 1999, avec Anthony Hopkins dans le rôle titre (une simple formalité, pour lui qui a joué Hannibal Lecter), et que le réalisateur était une réalisatrice, Julie Taymor. Le film, à ma connaissance, n’a eu aucun succès, il était trop horrible.

En fait, Thyeste est très verbeux, dure trop longtemps, les costumes sont hideux ou ridicules, et on a eu l’idée bizarre de projeter, sur le mur de la Cour d’honneur du Palais des papes, le nom Soleil écrit dans toutes les langues, successivement. Hélas, en arabe, il a été mal orthographié, deux consonnes ont été inversées, et on peut lire « Samch » au lieu de « Chams ». À vouloir faire le malin...

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
J'ai bien aimé Sénèque, uniquement parce que j'avais eu une excellente note lors d'une version latine. C'est vénal, je vous le concède. Mais ça parlait plutôt du fait que l'on s'emporte toujours soi-même quand on voyage, donc fuir ne sert à rien (en gros). On ne risquait pas de nous faire traduire le genre d'horreur dont vous parlez !
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Y
Oui, cette pièce n’a rien à voir avec ce que Sénèque écrit habituellement. On se demande à quel public il s’adressait.