Le colis de la mort

Publié le par Yves-André Samère

Cet après-midi, j’ai voulu envoyer un colis à une amie. Je me suis donc rendu au seul bureau de poste de mon quartier (les deux autres bureaux de mon arrondissement sont fermés « pour travaux » [sic], et je rappelle qu’en 1781, lorsque la reine Marie-Antoinette a ordonné que l’on construise le Théâtre de la Porte-Saint-Martin afin de remplacer l’Opéra sis au Palais-royal et qui avait brûlé, les travaux n’ont duré que... quatre-vingt-neuf jours, pour une salle de 1800 places). Je n’avais pas fait une telle opération depuis des mois, or, entretemps, les mœurs postales ont bien changé.

Rappel : naguère, pour envoyer un colis par la Poste, vous apportiez votre paquet au bureau le plus proche de chez vous, le déposiez sur le comptoir du guichet idoine, l’employé le pesait, en déduisait le montant de l’affranchissement, vous payiez, il collait les timbres sur l’emballage, et tout était dit.

Mais ce n’était pas MODERNE ! Il urgeait de changer tout ça, qui relevait des pratiques d’un monde arriéré.

Aujourd’hui, lorsque j’ai innocemment posé mon paquet sur le même comptoir, l’employée, bien que n’étant pas occupée le moins du monde, a refusé de le prendre et m’a renvoyé « vers l’automate ». Cet automate est la machine qui délivre, non pas des timbres-poste puisque cela n’existe plus, mais des vignettes très laides qu’elle imprime elle-même, après que vous lui ayez fait savoir que votre envoi est une lettre (ou un paquet), qu’il doit être expédié en France, que vous ne désirez pas l’envoyer en recommandé ni par la voie la plus rapide, que vous ne désirez pas non plus un récépissé pour la somme que vous allez payer, que vous comptez payer en pièces ou avec une carte bancaire (il préfère, les pièces sont très mal vues et il les rejette neuf fois sur dix), il commence à imprimer alors la vignette, non sans vous demander si vous désirez un reçu (un reçu pour un timbre !), et laisse enfin tomber son chef-d’œuvre dans un bac, où vous n’avez plus qu’à le récupérer et à le coller sur votre paquet. Puis vous rapportiez le paquet dûment affranchi vers le comptoir prévu pour. Et je précise que la notion de colis ordinaire a disparu, qu’on ne connaît plus que le Colissimo, ce qui a permis de doubler le prix des affranchissements.

Mais, ce jour, j’ai eu droit au grand jeu : une fois parvenu devant l’automate, un autre employé, d’ailleurs très obligeant, est accouru pour m’aider à : 1. taper sur un clavier virtuel mon nom complet et mon adresse ; 2. taper le nom et l’adresse de la destinataire ; 3. préciser que je faisais un envoi non recommandé à destination de la France ; 4. préciser que je comptais payer avec ma carte bleue ; 5. préciser que je ne voulais pas de reçu ; 6. introduire ma carte bleue dans la machine ; 7. taper mon code secret ; 8. attendre – longuement – que la vignette, très grande cette fois, soit imprimée ; 9. la remettre à l’employé secourable, qui a utilisé son téléphone mobile afin de scanner la figurine (le QR) imprimée sur ladite vignette afin de conserver le souvenir de toutes ces opérations ; 10. laisser tout le système téléphone + imprimante imprimer un reçu des opérations ; et 11. enfin, lui permettre de prendre possession de mon paquet, m’autorisant enfin à quitter ce lieu de perdition.

Je plains les personnes âgées qui ignorent tout de ces automates qui nous facilitent tant la vie. Le taux de suicide a dû augmenter, cette année.

(NB : je suppose qu’en province, c’est moins ardu, et qu’on a toujours affaire à des êtres humains dans les opérations de la vie courante. Profitez-en, chers provinciaux, ça ne va pas durer)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Oui, c'est plus simple en Province. D'autant que nous allons directement au centre de tri.<br /> Si vous avez un colis de moins de 500 grammes et de moins de 3cm d'épaisseur, il y a des enveloppes cartonnées prépayées à 3,25 euros que l'on a juste à mettre dans une boîte aux lettres.<br /> Je crois qu'il en existe pour 1kg. A vérifier.
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Y
J’ignore si ça existe à Paris. Probablement. Dès qu’il y a une occasion de nous faire les poches, la Poste est toujours partante !
K
Puisque qu'on vous dit que cela améliore votre expérience ! Comme la mise à jour permanente de W10.
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Y
Euh... J’aimerais bien que les mises à jour de Windows se passent convenablement ! La dernière a fait pas mal de dégâts.
C
Les automates, c'est intéressant quand c'est simple d'utilisation (les distributeurs de tickets de métro, par exemple). Mais il faut avouer que les automates de la Poste sont gratinés, comme vous en avez fait l'expérience...<br /> Dans la même veine, il y a les caisses "rapides" des magasins Décathlon. Si vous n'avez pas la carte de fidélité du magasin, il faut commencer par entrer son code postal (mais qu'est-ce que ça peut leur fiche ?...). Puis confirmer la ville correspondant à ce code postal, quand bien même il ne correspond qu'à UNE commune. Il faut ensuite scanner ses articles ou les déposer dans le bac où ils sont automatiquement reconnus grâce à une puce RFID. Si par malheur l'un des articles n'a pas de code-barres ou de puce, vous êtes bons pour attendre qu'un employé vienne à votre secours. Il vous faut ensuite confirmer votre moyen de paiement (ce serait trop simple de juste insérer sa carte bancaire ou ses billets comme pour les distributeurs de tickets de métro). Là, vous pensez en avoir fini, mais non ! La caisse vous demande si vous souhaitez recevoir votre ticket de caisse par email, et si vous refusez, enfin le ticket de caisse est imprimé. Ouf !...
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D
Exact ! J'en ai fait l'expérience récemment. L'enfer. Et encore... vous n'avez pas essayé d'ouvrir un compte en ligne chez Décathlon. Vous m'en direz des nouvelles. Le seul élément positif : frais de livraison gratuits si vous retirez en magasin. Sans doute pour faire oublier le chemin de croix de l'ouverture de compte !
Y
De toute façon, je n’ai aucune carte de fidélité d’un quelconque magasin. Et si j’en avais une, je la perdrais dans le quart d’heure qui suit !