Recette de plus en plus secrète
Dans ma notule du 18 novembre intitulée Un secret bien gardé, je faisais remarquer qu’un prétendu scientifique avait déclaré au micro de France Inter que la recette de Coca-Cola était « secrète », et je me payais sa physionomie. En prime, je donnais intégralement cette recette de plus en plus secrète (je l’avais déjà publiée il y a des années dans un feuilleton humoristique).
Il se trouve que William Reymond, ce journaliste qui avait co-écrit avec Didier Porte Le grand livre de la connerie, confirme ce que je disais. Dans son livre-enquête sur Coca-Cola, il donne lui aussi, en note de bas de page, sans toutefois fournir les proportions, les ingrédients que j’indiquais. Il ajoute que cette légende de la recette secrète a été forgée par les dirigeants de Coca-Cola, et qu’il ne s’agissait que d’un simple truc publicitaire. Un peu comme, naguère, on inscrivait le mot « Interdit » sur les affiches des films érotiques, ou comme l’a fait, il y a deux ans, le producteur du spectacle scénique tiré d’Orange mécanique : « Interdit aux moins de seize ans », proclamaient les affiches, alors que la censure théâtrale n’existe pas en France !
Dès lors, le cliché propagé par les gogos consiste à dire avec assurance que ladite recette est « enfermée dans un coffre-fort mieux gardé que les réserves d’or de Fort-Knox », rien que ça...
Mais le simple bon sens suffit à battre en brèche la légende : n’importe quel bon chimiste est capable d’analyser un mélange pour en identifier les composants.
En outre, le Coca-Cola est fabriqué dans de nombreuses usines de par le monde, et des centaines d’employés s’affairent à préparer le mélange. Comment peut-on croire que, depuis la naissance de cette boisson le 8 mai 1886, vendue par son inventeur à des hommes d’affaires en 1888, nul n’a jamais vendu la mèche ?