Téléchargement illégal : arroseur arrosé

Publié le par Yves-André Samère

L’histoire est assez tordue, mais marrante, et illustre bien la stupidité de la future loi Hadopi.

La lutte contre le piratage informatique s’est dotée de lois, qui interdisent, non pas seulement de télécharger des fichiers, mais aussi et surtout – ce qui est puni plus sévèrement – de mettre à la disposition des internautes, et gratuitement, des fichiers qui ne devraient qu’être vendus par leurs éditeurs. Or beaucoup d’éditeurs, cherchant à piéger les téléchargeurs, s’adressent à des sociétés chasseuses de pirates, qui mettent elles-mêmes en ligne des fichiers bidons mais qu’elles ont rebaptisés de noms alléchants – par exemple, celui d’un logiciel très cher et très recherché, comme Photoshop. Appâté, le pirate télécharge, son numéro d’IP est relevé, et il se retrouve avec une inculpation de téléchargement illégal. Ce procédé assez déloyal est généralement autorisé par les lois locales.

Là où cela coince, c’est que certains chasseurs de pirates rebaptisent pour cela, non pas des fichiers anodins, mais des films pornographiques ! Bref, vous croyez télécharger Photoshop, et vous vous retrouvez avec une production de Marc Dorcel. Mauvaise surprise pour vous (à moins que vous soyez un admirateur des films de Marc Dorcel), mais surtout, délit commis par le chasseur de pirates et donc par l’éditeur qui a commandité l’opération, pour avoir « mis à disposition », comme on dit, un film prohibé pouvant être téléchargé par des mineurs. En voulant piéger des pirates, les voilà instigateurs d’un acte délictueux.

C’est ce qui est arrivé en Allemagne, où un certain Daniel Fringer, coincé pour avoir téléchargé un film porno, a riposté en attaquant en justice son accusateur : il prétend avoir voulu télécharger un logiciel utilitaire, et découvert ensuite que c’était un faux – un fake, comme on dit chez les téléchargeurs. Et le chasseur de pirates qui l’a piégé se retrouve ainsi en justice !

On n’a pas fini de rigoler. Chers chasseurs de pirates, évitez de « mettre à disposition » L’arroseur arrosé !

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