Hortefeux au tribunal correctionnel

Publié le par Yves-André Samère

La discrétion est une merveilleuse qualité. Surtout quand on est journaliste. Elle permet de ne se fâcher avec personne d’important, et donc de se réserver pour l’avenir la possibilité de continuer à recevoir des confidences de la part de ceux qui comptent vraiment : les personnalités.

Ainsi, je n’ai pas beaucoup entendu dire ce matin, à la radio, que Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur et auteur d’une bourde raciste célèbre, devra répondre d’« injures raciales » devant le tribunal correctionnel de Paris – celui-là même qui juge Villepin en ce moment – après la diffusion d’une vidéo dans laquelle il tenait sur les Arabes des propos plus que douteux. Certes, il a ensuite exprimé des « regrets » (pas des excuses, faut pas pousser), mais comme il se disait en même temps victime d’une « polémique injuste », la chose a eu le même effet qu’un cataplasme sur une jambe de bois.

Bref, Hortefeux comparaîtra le 17 décembre devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. C’est le MRAP qui a porté plainte. En fait, la plainte est à deux volets. Il y a d’abord l’allusion au prototype de l’Arabe dont a parlé Hortefeux, auquel le jeune Amine ne correspond pas, paraît-il, puisque ce sauvage mange du cochon et boit de la bière – quelle horreur ! Puis la seconde, évoquant les problèmes causés par les Arabes (« Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes »), façon de s’exprimer que les militants du MRAP considèrent comme excluant les intéressés du pacte social – on se demande où ils vont chercher tout ça.

Bien sûr, Hortefeux est ministre, et devrait donc, théoriquement, comparaître devant la célèbre Cour de justice de la République. Célèbre à double titre, puisqu’elle a été créée pour juger les crimes et délits commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions, et parce qu’elle n’a jamais servi à rien, probablement parce qu’en toute circonstance, nos gouvernants sont rigoureusement irréprochables. Mais le MRAP estime qu’Hortefeux n’a pas dérapé durant l’exercice de ses fonctions ministérielles, plutôt en tant que vice-président du conseil national de l’UMP. Le coupable (oh pardon !) sera donc, comme Charles Pasqua, jugé par un tribunal ordinaire.

En tout cas, et les journaux ont beau être d’une discrétion de violette, Hortefeux a reçu la citation directe, laquelle rend inévitable la convocation devant le tribunal.

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