Agnelet : drôle de verdict !

Publié le par Yves-André Samère

Logiquement, le jugement prononcé dans la journée d’hier et qui condamne Maurice Agnelet à vingt ans de prison pour le meurtre – présumé – d’Agnès Le Roux, évènement qui remonte à... trente-sept ans (!), devrait être invalidé par la Cour de cassation, devant laquelle Agnelet se pourvoit, malgré l’avis de son avocat. En effet, j’y vois au moins trois irrégularités :

- il n’y a aucune preuve du meurtre, seulement des présomptions ;

- le corps de la victime supposée n’a pas été retrouvé – ce qui, en Angleterre, interdirait le procès. Ce détail rappelle fâcheusement l’affaire Seznec, en 1923 : là encore, on n’a jamais eu la preuve que Joseph Seznec avait tué Pierre Quéméneur, disparu mais dont le corps n’a jamais été retrouvé ;

- tout repose sur UN témoignage, celui du fils d’Agnelet ; or, en justice, c’est insuffisant, il faut au minimum deux témoins (Testis unus, testis nullus est un principe respecté dans les pays de droit). Soit dit en passant, il me semble que la règle interdit qu’une femme puisse témoigner contre son mari ; comment, dans ce cas, admettre qu’un fils puisse témoigner contre son père, alors qu’il n’est pas la victime ?

L’explication de ce verdict qui contredit les règles de la justice saute aux yeux : le tribunal s’est laissé guider par des sentiments au lieu de prendre en considération des faits. Agnelet, en effet, est antipathique ! Cela rappelle beaucoup la véritable raison qui a envoyé Christian Ranucci, âgé de seulement vingt-deux ans, à la guillotine, en 1976 : fort de son bon droit car il était probablement innocent, il a un peu trop ouvert sa grande gueule pendant le procès, et le président de la Cour d’assises, qui l’avait pris en grippe, a influencé le jury pendant les délibérations (c’est si facile pour un magistrat, qui impressionne forcément les jurés !). Ranucci, proprement coupé en deux à la prison des Baumettes, a été le dernier Français à subir cette peine.

On le vérifie tous les jours, nous avons la meilleure justice du monde.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :