Augmenter la TVA sur les livres

Publié le par Yves-André Samère

Sarkozy avait tenu la promesse faite par Chirac de rabaisser à 5,5 % (elle était de 19,6 %) la TVA qu’appliquent les restaurants sur le prix de la tambouille qu’ils servent – essentiellement des surgelés, tout le monde le sait sauf les gogos. Chirac s’était prudemment dégonflé, mais pas son successeur, qui a osé, fidèle à la maxime énoncée par Lino Ventura dans un dialogue de Michel Audiard et que je ne vous rappelle pas, puisqu’on la cite sans cesse et que vous venez de cliquer sur le lien précédent.

Bien entendu, ce rabais, qui était censé faire baisser les prix des repas et permettre aux restaurateurs d’embaucher du personnel, n’a pas eu tout à fait l’effet annoncé : le prix des repas n’a pas baissé (celui du café en fin de repas, peut-être, histoire de donner à la réforme un petit vernis d’efficacité ?), les restaurateurs n’ont pas embauché et ont empoché la différence, et tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Récemment, la logique particulière à ce président qui ne lit jamais donc n’achète pas de livres, qui a fustigé La princesse de Clèves comme un classique à boycotter parce que trop ennuyeux, et qui a confondu publiquement le sémiologue Roland Barthes avec le footballeur Fabien Barthez (il ne connaissait pas encore Yann Barthès, faut l’excuser), l’a incité à augmenter la TVA sur les livres. Le 1er avril (ah le beau poisson !), elle est donc passée de 5,5% à 7 %, au grand plaisir des libraires qui doivent rectifier toutes leurs étiquettes (700 000 références commerciales différentes !), et naturellement des lecteurs, ravis de voir qu’on les soigne aux petits oignons, puisque la plupart des huit mille éditeurs vont tout simplement répercuter cette augmentation sur leurs prix – sauf quelque rares comme Taschen, excellent éditeur d’art allemand, qui vend beaucoup et pas cher en France. Il paraît que l’État va y gagner 60 millions d’euros, le veinard, ça valait la peine. En gros, c’est le tiers de ce que glane Liliane Bettencourt chaque année en ne faisant rien, et même pas la moitié de la fortune d’Arthur.

Pourvu que l’on compense en baissant la TVA sur le caviar, le foie gras, les grosses bagnoles et les manteaux de vison ! À Neuilly, on en voit qui ne peuvent plus survivre.

(Soyons justes, la TVA sur la restauration, elle aussi, remonte à 7 %)

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