« De la Comédie-Française »

Publié le par Yves-André Samère

Pourquoi, au générique de certains films, se croit-on obligé de mentionner « Tartempion, de la Comédie-Française » ? J’ai vu ça encore aujourd’hui, alors que le film n’était même pas français, puisqu’il était anglais, mais que Laurent Laffitte jouait dedans.

C’est doublement ridicule, d’abord, parce que Laffitte n’est PAS sociétaire de la Comédie-Française, il en est seulement pensionnaire, c’est-à-dire stagiaire, et qu’il peut très bien être congédié demain, tout comme Pierre Niney, qui est dans une situation identique et bénéficie également de ce traitement de faveur. Ensuite, parce que, serait-il titularisé, il quittera forcément un jour la Maison de Molière, comme bien d’autres avant lui, qui se sont lassés de l’ambiance pénible régnant dans ce temple des rivalités sournoises. Que fera-t-on alors ? On effacera cette mention du générique des films déjà tournés ?

Ce petit abus de confiance, qui vise à faire croire au public que l’acteur n’est pas ce qu’on croit, m’a rappelé une petite histoire que sans doute vous ne connaissez pas, et qui concerne Henry de Montherlant. Avant d’entrer à l’Académie française, mais en faisant bien des manières (Montherlant ne voulait pas faire de visites aux académiciens, il voulait qu’on le supplie de bien vouloir s’y laisser admettre), il avait eu néanmoins le Grand Prix du Roman de l’Académie française – tout comme ce mauvais écrivain dont je vous ai parlé récemment, Joël Dicker. Or, quand il se présentait, ce tartuffe de Montherlant disait toujours « Henry de Montherlant, Grand Prix du Roman de l’Académie française », mais il baissait fortement la voix sur « Grand Prix du Roman », de sorte que son interlocuteur n’entendait que la fin !

Tout est grand, chez les grands. Surtout la vanité.

Publié dans Charlatanisme

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