École : semaine de cinq jours ? Voire...

Publié le par Yves-André Samère

Vincent Peillon, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, veut revenir à la semaine de cinq jours à l’école. Et, ma foi, il a raison, car on s’est vraiment mis, peu à peu, à pédaler dans la choucroute, en matière d’école. Et pour la pire des raisons : favoriser le commerce.

L’école de Jules Ferry avait organisé la semaine de classe de façon très simple : les enfants allaient en classe tous les jours sauf le jeudi et le dimanche, à raison de trois heures le matin et trois heures l’après-midi. Par conséquent, trente heures par semaine. Ce rythme a permis de tenir très longtemps, tout au long de la Troisième République, de la Quatrième République, et du début de la Cinquième République. Ce ne devait pas être sans raison, et cela donnait des résultats.

Puis, après 1968, on a commencé à juger intolérable de devoir faire travailler les enfants si longtemps, et surtout, de ne pas profiter de cette merveilleuse invention : le week-end. Si bien qu’on a amputé le samedi de son après-midi (entre-temps, le jeudi de congé s’était effacé au profit du mercredi). Inutile de dire que les professionnels du tourisme se frottaient les mains, car ils en bénéficiaient directement. Et tant pis si, la semaine scolaire amputée de trois heures, on avait moins de temps à consacrer aux programmes, qui pourtant avaient pris un léger surpoids avec les fameuses « activités d’éveil » – vous savez bien, celles qui anesthésient les gosses et les transforment en zombies.

Mais cela n’a pas suffi, la révolte grondait chez les hôteliers, les restaurateurs, les marchands de souvenirs et les transporteurs. Quoi ! On les privait encore d’une demi-journée du précieux week-end ? Il urgeait de corriger cette anomalie scandaleuse. Heureusement, Sarkozy vint, et l’un de ses fidèles domestiques décréta qu’on ne travaillerait plus du tout le samedi dans les écoles. Et hop ! Encore trois heures de moins. En douce, les instituteurs se frottaient les mains : sans qu’ils aient rien réclamé, voilà que leur emploi du temps connaissait une nouvelle cure d’amaigrissement et que leur semaine de travail descendait à vingt-quatre heures. Certains firent mine de protester (mollement), mais tout le monde avait compris.

Que, via ces petites manipulations sordides, le niveau des élèves soit tombé au niveau des pays sous-développés, nul ne s’en était soucié. Voici donc le classement pour 2009 du programme PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves), qui sert à mesurer les performances des systèmes éducatifs des pays du monde entier, selon les critères de la compréhension de l’écrit, de la culture mathématique et de la culture scientifique : le premier classé, mis hors-concours car ce n’est pas vraiment un pays, mais une ville, énorme il est vrai, c’est Shanghai, en Chine, avec 599 points. Suivent la Finlande (543 points), Singapour (543 points), la Corée du Sud (541 points), le Japon (529 points), le Canada (526 points), la Nouvelle-Zélande (524 points), l’Australie (518 points), les Pays-Bas (518 points), la Suisse (517 points), l’Allemagne (510 points). Sautons quelques pays car c’est lassant, et repérons la France, qui est vingtième avec 497 points. Les États-Unis viennent en vingt-et-unième position avec 496 points, et c’est notre seule victoire sur l’Oncle Sam, avec la mode et le pinard.

On souhaite à Peillon de faire accepter son projet de réforme, mais quelque chose me dit que ce n’est pas dans la poche. Je vous parie que restaurateurs et hôteliers auront vite sa peau. À défaut de mieux, envoyez vos gosses à Shanghai.

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