Élection présidentielle en Côte d’Ivoire
Dans quelques jours, les Ivoiriens vont élire leur président. J’ignore si le présent (et modeste) bloc-notes a une quelconque influence en Côte d’Ivoire, mais enfin, ce pays ne m’est pas tout à fait indifférent.
Trois candidats sont en présence, comme disent les journaux bien écrits : le titulaire actuel du poste, Laurent Gbagbo ; un de ses prédécesseurs, Henri Konan Bédié ; et le premier en date des Premiers ministres qu’a connus la Côte d’Ivoire, Allassane Ouattara.
Gbagbo, ancien professeur d’histoire et fondateur du FPI (Front Populaire Ivoirien), a connu la prison sous Félix Houphouët-Boigny, dont il s’était institué adversaire déclaré. Lorsque, sous la pression de la France mitterrandienne, le multipartisme fut enfin légalisé dans le pays et qu’il fut autorisé à se présenter à l’élection présidentielle, en 1990, ce sont ses amis français du Parti Socialiste qui payèrent son droit d’inscription – puisque c’est cette astuce vaseuse qu’Houphouët avait imposée, lui qui était l’homme le plus riche du pays, pour écarter tout autre candidat que lui-même. Gbagbo put donc se présenter, mais le président en titre trouva un nouvel expédient, et le candidat dissident, sous un prétexte fumeux, fut invalidé pendant la campagne électorale ! Houphouët, très âgé, mourut cinq ans plus tard, et Gbagbo, enfin élu, devint un dictateur cynique, ce qui poussa ses anciens amis socialistes à le renier. Mais on dit que certains ont passé l’éponge et recommencent à le soutenir...
Henri Konan Bédié, j’en ai déjà parlé. Allez donc lire mon article, on n’a pas tous les jours l’occasion de lire une histoire aussi édifiante. Ni de se marrer.
Allassane Ouattara est le seul candidat sérieux. Ancien directeur du Fonds Monétaire International, c’est lui qu’Houphouët choisit quand la France lui imposa de nommer enfin un Premier ministre. Il aurait pu être élu président de la République, si Bédié et ses partisans n’avaient monté contre lui une campagne nauséeuse, répandant la rumeur qu’il était né à l’étranger. Or la Constitution ivoirienne interdit à un étranger de se présenter. Et puis, il est musulman, or Houphouët était catholique (ô combien ! Voyez la basilique de Yamoussoukro), et Bédié l’est aussi. C’est un homme compétent, expérimenté, qu’on dit honnête. En tout cas, et contrairement à ses deux adversaires, il ne traîne aucune casserole.