Enrico Macias, Prix Pinocchio

Publié le par Yves-André Samère

Chez les artistes de variétés, il en est que j’apprécie beaucoup, d’autres moins. Mais celui que je méprise cordialement, c’est Enrico Macias !

Attention, je ne critique pas ses qualités de musicien : incontestablement, c’est un bon guitariste et un compositeur acceptable. Je critique moyennement ses vers de mirliton, mais il n’est pas le seul à en écrire. Non. Ce que je déteste en lui, ce sont ses impostures et sa vertigineuse vanité.

Ses impostures, reconnaissons qu’elles ne sont pas majeures, mais j’aimerais assez qu’il cesse de raconter qu’il est né à Constantine et qu’il a débuté dans la vie comme instituteur, car tout cela est faux. Macias est né dans un village de la région constantinoise, Aïn Abid, trop insignifiant pour que quiconque sache où cela se trouve : à trente kilomètres au sud-est de Constantine, sur la route de Guelma. Et il n’a jamais été instituteur, car cette profession exige qu’on soit bachelier, or il ne possède que ce qu’on appelait alors le BEPC – aujourd’hui le Brevet des Collèges. Mais, en 1956, pour tenter de combler la pénurie d’instituteurs en Algérie, le ministère français de l’Éducation nationale avait créé le grade d’instructeur, ouvert aux titulaires du BEPC. Le futur Macias avait donc fait un stage d’apprentissage, de deux semaines, à l’école Michelet, dans le quartier d’El Kantara, à Constantine, puis on lui avait attribué un poste dans le bled – les instructeurs n’ayant pas le droit d’exercer en ville. Je l’ai entendu raconter qu’une fois installé en France, il avait passé son bac et qu’il était bel et bien passé instituteur, mais c’est impossible, il était devenu chanteur dès son arrivée à Paris et n’a jamais enseigné en France.

Et puis, ce mensonge éhonté qu’il répète depuis des dizaines d’années, selon quoi il serait interdit en Algérie ! Si vous allez dans ce pays, ou si vous connaissez de vieux Algériens vivant en France, interrogez-les, ils vous certifieront que tous les juke-boxes d’Algérie passaient ses chansons, y compris dans la période qui a immédiatement suivi l’Indépendance, en 1962. Mais c’est si gratifiant, de jouer les martyrs ! La vérité, c’est que l’Indépendance du pays, Macias ne l’a jamais digérée.

Sa vanité ? Elle s’étale dans le moindre de ses propos : je suis très aimé ; je suis le symbole de l’exil ; les Compagnons de la Chanson (un groupe à succès des années cinquante à soixante) n’ont accepté de « faire l’Olympia » qu’à condition que je fasse la première partie et « ça a été un succès tellement énorme que Bruno Coquatrix [le patron de l’Olympia] m’a demandé de continuer en vedette [mais] j’ai refusé [pour] ne pas faire cet affront aux Compagnons de la Chanson » ; je suis toujours naturel ; j’suis pas un faux gentil ; quand je suis sorti [du stade de Marseille après un match], tout le monde m’a embrassé ; on m’a donné un rôle un peu plus important [dans La vérité si je mens 3], et je pense que ça a été une réussite ; quand j’ai fini de chanter ma première chanson improvisée sur le bateau, tout le monde pleurait ; je voulais être le symbole du rapprochement de tous les enfants d’Algérie, etc.

Terminons par une petite histoire qui montre comme on s’aime, dans la profession d’artiste de music-hall. Macias fait un jour les honneurs de son appartement parisien à Charles Aznavour, qui tombe en arrêt devant les tableaux de maître que le chanteur pied-noir avait accumulés, et qui commente sobrement : « Ben dis donc, ça valait le coup de la perdre, l’Algérie ! ».

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

F
Vous avez raison Enrico est un menteur,il n’a jamais enseigné comme instituteur peut être un petit instructeur.Une Algérienne qui vous le dit
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Y
Je suis assez bien placé pour savoir qu’il ment ! L’Algérie, je la connais très bien, et particulièrement Constantine.
J
c est malheuresement exact, et permet de comprendre pourquoi enrico estropie autant la grammaire...
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Y
Bah, ce n’est qu’un chanteur, après tout. Et tout le monde n’est pas Brassens.