Expertise en écriture et graphologie

Publié le par Yves-André Samère

Dans un film pas très bon que j’ai vu aujourd’hui, j’ai relevé dans les sous-titres une erreur que presque tout le monde commet. À un homme soupçonné d’avoir fait disparaître sa femme, on montrait le journal intime que tenait celle-ci, et on lui demandait s’il reconnaissait son écriture. Et il répondait que oui. Son avocat, relevant la gaffe, lui faisait alors remarquer, d’après les sous-titres, qu’il n’était pas graphologue. Or le dialogue en anglais parlait d’expert en écriture, ce qui est différent. Une fois de plus, un sous-titreur ne connaissant rien à rien s’est planté.

Un expert en écritures cherche à vérifier si un document manuscrit est authentique, c’est-à-dire si la personne censée l’avoir écrit est bien celle qu’on pense, et il procède en général par comparaison avec d’autres textes provenant d’une source certaine. La justice fait appel à lui, par exemple, dans le cas d’un testament contesté, afin de déceler un faux éventuel. Rien à voir avec la graphologie, qui est une fausse science – c’est largement démontré, tout comme pour la radiesthésie ou l’astrologie –, fausse science qui prétend établir le caractère psychologique de l’auteur du texte, sur des critères hautement fantaisistes.

Cela n’a pas empêché certains pays, comme hélas la France, d’utiliser cette imposture comme s’il s’agissait d’une vraie science. Notamment lorsqu’il s’agit de tests d’embauche, et pas seulement dans le privé. Je me souviens d’avoir vu une annonce du ministère de l’Éducation nationale, qui exigeait que tel dossier de candidature soit accompagné d’une lettre de motivation rédigée à la main ! Un candidat qui se verrait opposer cette exigence serait fondé à se plaindre devant le tribunal administratif. L’auteur de cette annonce devait être aussi savant que notre sous-titreur.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Histoire marrante, et significative. C’est symptomatique du niveau mental de certains patrons.
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D
Dans une entreprise où j'ai travaillé, un des directeurs hurlait si on ne demandait pas d'expertise graphologique pour des embauches. Je me demandais bien pourquoi (il m'avait hurlé dessus à ce<br /> sujet, car je n'en voyais pas l'intérêt). Puis j'ai compris que ses hurlements n'étaient pas dus à sa croyance en la matière, mais... que le graphologue était son épouse, rémunérée grassement pour<br /> cette soi-disant expertise.<br /> En bonne élève, mais rebelle, j'ai continué à oublier la graphologie à chaque embauche. Il ne pouvait pas me virer pour ça.
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