Festival d’impostures

Publié le par Yves-André Samère

La mode est à l’imposture. Ne revenons pas sur Michèle Alliot-Marie, promise à l’Oscar du plus beau festival de bobards, et concentrons-nous sur la journée d’aujourd’hui. D’impostures, j’en retiendrai deux dans l’actualité immédiate.

D’abord, au cinéma. Aujourd’hui sort un film intitulé Sanctum. Dans la semaine qui a précédé, on a collé un peu partout des affiches sur lesquelles on peut lire textuellement : « De James Cameron, producteur exécutif et créateur de Titanic et Avatar ». Ben voyons... En réalité, le réalisateur de ce film s’appelle Alister Grierson, et c’est un parfait inconnu. Son seul long-métrage avant celui-ci, en 2006, s’appelait Kokoda, et n’est sorti qu’en Australie, aux États-Unis et en Argentine – vaste diffusion qui est un gage certain de qualité. James Cameron, lui, n’est que l’un des cinq producteurs de Sanctum, ce qui justifie sans doute qu’on mentionne son seul nom sur les affiches. Celui du véritable metteur en scène ne figure nulle part.

Et puis, les journaux de ce matin vont sans doute rendre compte de la pièce diffusée hier soir sur France 2, Un fil à la patte, de Georges Feydeau. On n’a cessé de nous seriner que cette diffusion aurait lieu en direct depuis la Comédie-Française, or c’était un mensonge, au moins pour les deux-tiers. En effet, seul le premier acte a été diffusé en direct. À partir de l’acte II, la mention « En direct » a disparu de l’écran, et les deux actes qui ont suivi sans aucune coupure étaient des enregistrements faits la semaine précédente (vendredi 18, si je suis bien renseigné). D’ailleurs, d’une part, le programme de la Comédie-Française indique que la pièce dure deux heures et demie avec un entracte, or la diffusion a duré deux heures dix sans entracte. D’autre part, le bon sens suggérait qu’on n’aurait jamais pu envoyer à l’écran, et sans interruption du programme, les actes suivants, car on changeait de décor à chaque fois, et cela ne se fait pas le temps de baisser et de relever le rideau, en trois secondes. D’autant moins que le décor de l’acte III comportait un escalier praticable, c’est-à-dire réel, et qu’un tel élément de décor implique une installation délicate et compliquée. Mais combien de téléspectateurs ont-ils eu conscience de la supercherie ? Décalée dans le temps, la véritable représentation de la salle Richelieu a dû se terminer bien plus tard que le spectacle à la télévision.

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