Frère Léo s’emmêle les pinceaux

Publié le par Yves-André Samère

Tout le monde sait que François Léotard, ancien ministre de la Défense nationale et de la Culture (le slogan qualifiant Bouygues, candidat à l’achat de TF1, de « mieux-disant culturel », c’était de lui, et rien que pour cela il est immortel), on sait, disais-je, que l’ex-frère Léo a quitté la politique pour écrire des livres, et beaucoup de gens prétendent qu’il est meilleur ici que là.

Moi je veux bien. Mais enfin, jugeons sur pièce. Lisant son ouvrage politique Ça va mal finir, publié chez Grasset en 2008, je déniche page 34 ce passage, censé définir la politique sarkozyenne à propos de la police : « Sa doctrine est faite : les loubards des banlieues n’ont pas de problèmes sociaux, ni de logement, ni de culture, ni d’emploi ». C’est l’exemple même de la phrase que j’adore, celle où l’on réussit à dire le contraire de ce qu’on veut exprimer.

En effet, si on la lit au premier degré, comme le ferait un lecteur qui ne connaîtrait pas Sarkozy, on croit comprendre que les loubards de banlieue n’ont pas de logement, pas de culture, pas d’emploi – ce qui est peut-être un peu exagéré, et en outre hors sujet s’agissant de la police. Cela, parce que la phrase est mal construite, et que les trois derniers segments semblent faire suite au premier, « [ils] n’ont pas de problèmes sociaux ». Or tout ce que veut faire comprendre Léotard dans son livre, où il flingue à chaque page not’ bon maître, c’est que, selon Sarkozy, les loubards de banlieue « n’ont pas de problèmes [...] de logement », ni « de problèmes [...] de culture », ni « de problèmes [...] d’emploi ». Autrement dit, notre cher président s’aveugle sur ce qu’il ne connaît pas. Ce qui est parfaitement exact.

Ce type de maladresse pullule, dans la presse comme dans les livres. On demande écrivain sachant écrire ! Et comme il n’y a plus de correcteurs nulle part...

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