Google, nouvel empire

Publié le par Yves-André Samère

Avant que Dieu crée Google (sans doute un lundi, puisqu’il s’était reposé le jour précédent, et j’avoue que cette idée de Dieu « se reposant » me réjouit, il avait compris que le travail fatigue), avant, donc, il n’y avait RIEN. Ou presque rien. Pour mes recherches sur Internet, j’utilisais un logiciel appelé Copernic, qui s’est arrêté à la version 6.12. Ce n’était pas vraiment un moteur de recherches, mais un méta-moteur, en ce sens qu’il inspectait les autres moteurs de recherches, ceux du moins qu’il connaissait, et affichait au fur et à mesure la liste des sites qu’il trouvait. En fait, cela prenait un temps fou.

Google n’était pas vraiment, et depuis le début, un moteur de recherches : sur ce terrain-là – car il a beaucoup d’autres activités –, c’était et c’est toujours une machine à indexer. Il se contentait de balayer toutes les pages présentes sur Internet, vingt milliards par jour (je le vois bien, mes sites sont visités quotidiennement, plusieurs fois, par google.bot, et pas seulement par lui), relevait chaque mot jugé important, et lui attribuait une référence permettant de retrouver, dans ses archives, la page où il figurait. La force brute, en quelque sorte, mais cela fonctionnait et fonctionne toujours admirablement, puisque toute recherche aboutit instantanément si le renseignement existe, et de façon exhaustive. J’ai abandonné Copernic depuis longtemps...

En ce moment, Google est en guerre avec les journaux français. Il faut dire que Google ET les journaux français vivent de la pub. Le raisonnement sur quoi tout ça se fonde est curieux : vous dirigez un journal, vous y publiez de la publicité insérée par des annonceurs, et avez d’autre part un site Internet qui reproduit certains pages de votre journal. Celui-ci est référencé par Google (c’est-à-dire que Google signale son existence), des internautes guidés par Google vont visiter votre site, tombent sur des pages où figure la pub qui les décorent, les annonceurs en déduisent (bêtement) qu’on a regardé leurs publicités en ligne, ce qui me fait bien rire, et vous payent, vous, patron d’un journal sur papier. Indirectement, Google en profite et se fait des sous, ce qui indigne les journaux, lesquels estiment que cet argent leur revient, donc ils exigent qu’on taxe Google (et, naturellement qu’on leur reverse le produit de la taxe). Si bien que Google a menacé de supprimer les journaux français des résultats de ses recherches. Une perte pour lui, une catastrophe pour les journaux, qui, comme toujours, en appellent au gouvernement. Ce qu’on appelle « le libéralisme économique » : que l’État ne se mêle pas de nos affaires, tant que nous n’avons pas besoin de lui.

Bref, des deux côtés, on fait assaut d’hypocrisie, et je ne vais certainement pas trancher. Je me contente de vous conseiller une petite visite... chez Google, via un reportage photographique fait dans huit de ses data centers – les lieux de stockage des données collectées – que la firme a publié. Vous y constaterez ce qu’est le gigantisme en cette matière. C’est ICI et surtout , et ça vaut vraiment le déplacement.

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