José Artur
Sur France Inter, José Artur, dont je me dépêche de parler avant que tous les autres le fassent quand il mourra, appartenait au passé. En 1965, il avait inventé le Pop-Club, une émission d’interviews de deux heures chaque soir, et surtout, en direct. Hélas, on ne les a pas enregistrées, alors qu’aujourd’hui on enregistre tout, pour la bonne raison que le direct est devenu rarissime. D’Artur, il ne doit guère rester que des bribes d’émission à l’INA, qui ne les cède pas gratuitement !
Après quarante ans de Pop-Club, d’abord au Bar Noir de la Maison de Radio-France, puis depuis le Fouquet’s (!), José a été mis d’office à la retraite en 2007, et n’a guère été repêché, pendant une année ou deux, que par Stéphane Bern dans son Fou du roi. Ce qui a constitué la seule tentative de l’employer encore.
Il y a aussi ses entretiens avec le même Stéphane Bern, quarante-quatre enregistrements d’environ cinq minutes, C’est pas croyable, que je conserve précieusement, et où il raconte sa vie professionnelle. C’est très marrant, car José a de l’esprit, et parfois la dent dure. Ainsi, un soir, il interviewait Luis Mariano : « Êtes-vous riche ? », lui demande-t-il, car il n’avait pas de tabou. Et Luis de répondre « J’ai tellement d’argent que je ne sais pas où la mettre ! ». Aussitôt, José rétorque : « Mettez-la au masculin, pour commencer, ça ne fera de mal à personne ! ». On n’imagine pas un autre animateur de radio proférer une pareille horreur en direction de l’invité. Vexé, Mariano n’est jamais revenu au Pop-Club.
Enfin, José Artur a indirectement provoqué l’avènement de Claude Villers, ancien correspondant de France Inter à Washington, qui était son adjoint mais ne passait pas sur l’antenne. Quand José a été mis à pied pour six mois parce qu’il avait cité une marque de vodka (on ne rigolait pas, du temps d’Arthur Comte !), Villers l’a remplacé, il a plu aux auditeurs, et on lui a donné sa propre émission, Pas de panique. Une vraie bénédiction.