Justin Bieber au Grand Journal

Publié le par Yves-André Samère

Vendredi soir, Justin Bieber passait en direct sur Canal Plus (chanson et interview), et par curiosité, j’ai regardé tout cela.

Je n’avais jamais vu Justin Bieber, pas davantage entendu, hormis quelques bribes s’échappant de la radio ou de la télévision. Pour tout dire, les chanteurs de variétés m’inspirent autant d’indifférence qu’inspire le Dépeceur de Montréal (mais non, pas Justin, il est canadien mais pas dépeceur) aux moines bouddhistes d’un monastère de Lhassa. Mais enfin, je savais que le sport mondial consistait à taper sur ce jeune garçon, à insinuer qu’il est stupide, qu’il chante comme une casserole ou, horreur ! comme Lana Del Rey, danse un peu moins bien que naguère Michel Petrucciani, a une certaine tendance à se cogner dans toutes les portes qui se placent sournoisement sur son chemin, et que l’essentiel de sa personnalité se réfugiait dans cette mèche qui lui tombait sur les yeux (et qu’il n’a plus, soit dit en passant).

Or je me méfie un peu des réputations toutes faites, et surtout, faites par les journaux. Ne disait-on pas, à ses débuts, que Charles Aznavour, avec sa voix éraillée, ferait fuir le public ; que Jacques Brel, avec ses rengaines de boy-scout, se démoderait au bout de six mois ; et que Mireille Mathieu, qui n’était jamais qu’une médiocre imitatrice d’Édith Piaf, et très inférieure à Georgette Lemaire, sombrerait dans le ridicule avant d’avoir appris à parler ?

Eh bien, tout cela n’était qu’un tissu de sottises. Je n’ai aucun jugement à porter sur la chanson que j’ai entendue et déjà oubliée, mais le chanteur lui-même possède une voix qui en vaut une autre, danse plutôt agréablement sur une chorégraphie compliquée, est très joli garçon (avec des yeux noisette ravissants), et surtout, chose inhabituelle chez les chanteurs, n’a pas proféré une seule bêtise tout au long de son interview, supportée avec pas mal d’humour pendant une dizaine de minutes.

Certes, je ne suis pas prêt à courir prendre ma carte à son fan-club, mais je me suis dit que ses détracteurs devraient peut-être visionner quelques vidéos de Johnny Hallyday au même âge, 18 ans : ils y verraient un garçon beaucoup moins doué, qui n’en est pas moins devenu, après deux ou trois décennies, non seulement l’idole du public (dont je ne suis pas), mais aussi d’un certain nombre d’intellectuels, qui voient en lui une sorte d’incarnation de la France profonde.

Alors, Justin Bieber, rendez-vous dans trente ans, je sens qu’on va rire sous cape. Mais pas forcément à tes dépens.

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