L’assassinat du Père Noël

Publié le par Yves-André Samère

Non, je n’évoque pas le film de Christian-Jaque portant ce titre et sorti en 1941, mais le dernier scandale à la mode. Une mode de courte durée : vingt-quatre heures, comme toujours... Dimanche soir, juste avant le dessin animé Ratatouille que devait diffuser Télé-Poubelle, quelques publicités passent, il faut bien éduquer le peuple, puisqu’il a du temps de cerveau disponible. Et là, horreur, le dialogue d’un spot pour le Crédit Mutuel mentionne en passant que le Père Noël n’existe pas.

Déchaînement des parents ! On a quasiment violé leurs chères têtes blondes. Échantillons : « Ma fille de cinq ans a été violemment choquée », ou « La banque ne recule devant rien en s’attaquant aux rêves des enfants et en heurtant la sensibilité des plus jeunes d’entre eux ». Une psychologue, visiblement très équilibrée sinon elle ne serait pas psychologue, commente : « Retirer cet imaginaire à l’enfant, comme lui annoncer soudainement, en période de fête, que le Père Noël n’existe pas [ah bon, nous sommes à SEPT semaines de Noël, donc « en période de fête » ?], pourrait être vécu comme une punition ou un mensonge. Lui supprimer cette part d’imaginaire, c’est comme lui ôter une part de son enfance ». Et « un groupe » (?) de téléspectateurs a décidé de saisir le jury de déontologie publicitaire (composé entre autres d’un conseiller d’État, d’un conseiller à la Cour de Cassation et d’un pédopsychiatre) qui peut décider, après diffusion, d’interdire une publicité. Sic.

Or les publicitaires doivent respecter un cahier des charges plutôt précis (décret du 27 mars 1992), mais ce document ne dit rien sur les messages qui pourraient heurter « l’imaginaire » des enfants ! Fâcheux oubli, et on compte bien sur le président Sarkozy pour faire voter une loi qui remédie à cette carence absolument scandaleuse. Car l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), en la personne de son directeur Stéphane Martin, a fait savoir que la publicité litigieuse avait reçu, de la part de cet organisme officiel, un avis de diffusion favorable pour tout public, y compris à cette heure. Le Crédit Mutuel, lui, est confus et se répand en excuses. Pauvres banques, ce sont toujours elles les premières victimes...

Essayons de résumer : les parents mettent des inepties dans la tête de leurs gosses, puis ils se plaignent que la télé ose les détromper, par inadvertance d’ailleurs. Tout cela est très cohérent. Mais qu’est-ce qui est « traumatisant », pour un enfant, d’apprendre qu’un personnage imaginaire (et dont l’aspect physique a été créé par Coca-Cola, soit dit en passant) est imaginaire, ou de découvrir un jour que ses parents lui ont menti pendant des années ? Et lui révéler ce mensonge bien réel peut apparaître, comme dit la psychologue mentionnée plus haut, comme « un mensonge » ?

Et puis, la question que personne ne se pose : comment vivaient les enfants avant que le Père Noël soit inventé, en 1829, dans un poème publié par le « New York Times » ? Oui, je sais bien, il y avait saint Nicolas, le 6 décembre, et il est toujours populaire dans le Nord de la France, mais il ne ressemblait pas au Père Noël imposé par les commerçants. Question subsidiaire : comment font pour vivre sans traumatisme les enfants des pays, musulmans, bouddhistes, animistes ou autres, où, actuellement, il n’existe pas ? Ce doit être l’enfer ! On tremble.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
D’une part, jamais je n’ai vanté la beauté des guerres, sachant trop bien à quoi ça ressemble. D’autre part, la question « comment vivaient les enfants avant que le Père Noël soit inventé, en<br /> 1829 ? » reste valable.
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E
Je ne connais aucun enfant qui a reproché ce "mensonge" à<br /> ses parents.<br /> J'aime bien les décorations,les lumières et l'animation<br /> des rues.<br /> Je préfère toutes fêtes à toutes guerres . . .
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