« Le Canard », grande conscience de la presse

Publié le par Yves-André Samère

Au rayon de la tartufferie, épinglons « Le Canard enchaîné ». Récemment, on pouvait lire, dans ce journal qui se veut la grande conscience de la presse française, et à propos de DSK, cette phrase admirable : « Pour “Le Canard”, l’information s’arrête toujours à la porte de la chambre à coucher ». Ben voyons !...

Au début du mandat présidentiel de Georges Pompidou, qui commença au printemps 1969, une affaire d’escroquerie éclaboussa le Pouvoir : une société immobilière, la Garantie Foncière, collectait des fonds en promettant aux souscripteurs des intérêts très élevés. En fait, ceux qu’elle versait au début, pour appâter le pigeon, provenaient tout simplement des cotisations de ceux qui s’étaient déjà inscrits – combine qui, bien entendu, ne pouvait pas fonctionner éternellement. Or la Garantie Foncière avait basé une partie de sa publicité sur la caution morale d’un député gaulliste, André Rives-Henry de Lavaysse, qui était au courant de l’escroquerie puisqu’il était le président de ladite société. Il fut condamné et dut démissionner de son mandat de député. Le président Pompidou lui-même fut injustement accusé d’avoir reçu, pour soutenir sa campagne électorale, un chèque de la Garantie Foncière. Eh bien, dans sa page 2 réservée aux échos politiques, « Le Canard », parlant de Rives-Henry, avait mentionné : « On dit qu’il n’aime pas les dames. Mais ça ne nous regarde pas »…

Longtemps officia au « Canard » un rédacteur acerbe, Pierre Laurent-Tailhade, qui tenait entre autres la rubrique sur la télévision, sous le pseudo de Clément Ledoux. Un jour, rendant compte d’une scène où l’on avait pu voir Marie Laforêt assise sur les genoux de Jean-Claude Brialy, ce chroniqueur nota vachardement : « La chérie ne risquait pas grand-chose ! ». À cette date, Brialy n’était pas encore sorti du placard, pour ménager sa famille, et n’affichait pas son homosexualité. Le même Clément Ledoux (sic pour le pseudo), parlant de José Artur, écrivit aussi « Ce garçon, soit dit sans vouloir le désobliger… »

Et puis, il y eut Dominique Durand qui, dans le billet féministe hebdomadaire du « Canard » (toujours rédigé par un homme), sous le prétexte de rapporter « une histoire qui se [racontait] à Monaco », reproduisait cette délicieuse anecdote : un quidam téléphone au palais princier et demande à parler à la princesse. La standardiste lui répond : « Laquelle ? La pute, celle qui a tué sa mère, ou Albert ? ». Les trois intéressés portèrent l’affaire en justice et obtinrent chacun cent mille francs de dommages et intérêts.

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