Queneau, parolier nul
Réentendu aujourd’hui la chanson ultra-connue de Raymond Queneau, Si tu t’imagines. Eh bien, si vous vous imaginez que j’admire ce tube, ce que vous vous gourez !
Le texte est bourré de chevilles. Rappelons aux deux ou trois lycéens qui se seraient égarés sur cette page qu’en matière de versification, une cheville est une syllabe (ou une suite de syllabes) qu’on introduit dans un vers mal foutu quand on n’a pas le compte de pieds voulu. C’est donc un bouche-trou qui serait inutile dans un texte en prose, une rustine pour mauvais poète. Ainsi, dans la chanson en question, on a la célèbre xa va xa va xa, une cheville de cinq pieds, un record ! qui tombe là comme un cheveu sur la soupe, ou encore la saison des za / la saison des za / saison des amours, qui passe les bornes du ridicule. Sans compter un si tu crois ha ha (que Juliette Gréco prononce « Hmm hmm », ce qui lui ôte toute ressemblance avec un rire et souligne son inutilité), qui aurait dû faire hurler le public s’il avait eu un atome de sens critique.
Queneau, sans cesse à court d’idées, enfourne dans son texte des répétitions inutiles, toujours pour la même raison, et cela donne des platitudes comme cueille cueille / les roses les roses / roses de la vie (là, cheville négative, il fait sauter le troisième article) ou les beaux jours s’en vont / les beaux jours de fête.
Mais il y a des écrivains qu’il faut feindre d’admirer, sous peine de passer pour un béotien. J’en connais d’autres, encore plus cotés...