Qui est la femme la plus riche de France ?

Le cliché est à ce point le pain quotidien des journalistes, qu’ils le martèlent même lorsqu’ils savent pertinemment que ce qu’ils affirment est faux. Et s’ils ne le savent pas, c’est encore moins une excuse, puisque le fondement de leur métier est justement de chercher la vérité avant de la dire aux autres.

Depuis des années, on nous serine ainsi que Liliane Bettencourt est « la femme la plus riche de France ». À cela près que c’est totalement faux. Elle l’a été, elle ne l’est plus.

Cette situation a cessé en 1992. Cela fait donc dix-huit ans. Presque rien... Cette année-là, et je l’ai déjà écrit ici, Liliane Bettencourt a fait une triple donation de la totalité des actions qu’elle possédait dans  L’Oréal, la société créée par son père Eugène Schueller. La nue-propriété, pour parler comme les notaires, a ainsi été partagée entre se fille, qui en a reçu les deux tiers, et ses deux petits-fils, qui se sont partagés le troisième tiers. La première ne lui en pas été reconnaissante, puisque les deux femmes, qui habitent la même rue Delabordère à Neuilly (Liliane est au numéro 18), ne se sont pas vues depuis des années. Les deux petits-fils, eux, voient régulièrement leur grand-mère.

Si bien que Liliane Bettencourt ne conserve que l’usufruit de L’Oréal, c’est-à-dire qu’elle perçoit les dividendes – les bénéfices, si l’on préfère – et qu’elle a gardé les droits de vote attachés aux actions qu’elles a cédées. Mais son ancienne fortune elle-même, elle ne peut plus y toucher, et c’est définitif. Par conséquent, comment peut-on être riche d’un argent sur lequel on n’a plus aucun droit ?

De tout cela, il s’ensuit que la femme la plus riche de France, c’est sa fille ! Dès lors, on comprend mal pourquoi celle-ci fait un procès à sa mère : les dons que celle-ci a faits à son photographe favori (qui ne l’est plus guère, si on a bien compris) n’ont pas ébréché la fortune de la fille et ne la concernent en rien.