Reprise de « Hair » à Paris

Publié le par Yves-André Samère

À partir d’aujourd’hui, on reprend Hair au théâtre du Gymnase, à Paris. La pièce, d’inspiration hippie, avait été créée aux États-unis en 1967, et jouée à Paris en 1969 et 1970, au théâtre de la Porte-Saint-Martin – plus longtemps à Londres. La musique était excellente, et je vous conseille le disque de la version originale, mais le texte français, dû à Jacques Lanzmann, était plutôt médiocre. Quant au film que Milos Forman en avait tiré, tourné à New York, il était tout simplement lamentable d’incompétence, Forman s’étant révélé incapable de filmer des danseurs... dont il avait réduit le nombre, d’une vingtaine à quatre !

La publicité de cette reprise en France affirme qu’on a rénové le texte, et mis davantage l’accent, non pas sur la guerre du Vietnam comme à l’époque de la création, puisque le sujet n’est plus d’actualité, mais sur la lutte contre le sida. On laisse aussi entendre que le spectacle sera interdit aux moins de douze ans, à cause des scènes de nu intégral. D’une part, c’est stupide, et d’autre part, une telle interdiction est impossible selon la loi française : il n’existe AUCUNE censure, aucune interdiction au théâtre. Cette information est donc une imposture, sorte de publicité qui n’ose pas dire son nom, et qui rappelle ces affiches des films érotiques d’autrefois, où les publicitaires s’ingéniaient à faire figurer le mot « Interdit » (alors que, si le film avait vraiment été interdit, on ne l’aurait tout simplement pas passé en salles !). Ce procédé malhonnête de la part des producteurs avait déjà été utilisé il y a quatre ou cinq ans, lorsqu’on avait donné au Cirque Bouglione une version théâtrale d’Orange mécanique, sur une musique, non plus de Beethoven, mais de... Cerrone (ne riez pas !). Il avait été prévu que Samy Naceri jouerait le rôle d’Alex, mais, d’une part, il était beaucoup trop âgé, et, d’autre part, il était, euh... disons, occupé ailleurs, en un lieu où l’État l’héberge chaque fois qu’il casse la figure de quelqu’un, c’est-à-dire deux fois par an. Le spectacle avait fait un bide, et on peut prévoir qu’il en sera de même pour cette reprise de Hair, pièce qui, rejouée plusieurs fois depuis 1970, n’a jamais connu à nouveau le succès. L’idéologie hippie, c’est bien fini.

Quant à espérer un succès parce qu’on y parlerait de préservatif, c’est tout aussi stupide. Le préservatif n’est pas un thème théâtral exploitable.

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