Alain Delon sur France 3

Publié le par Yves-André Samère

Lundi 2 novembre, j’ai suivi sur France 3 le documentaire que la chaîne consacrait à l’acteur Alain Delon, réalisé d’ailleurs sans sa collaboration, mais qui lui était favorable. Peu de détails de sa vie ont été oubliés, sauf un dont j’ai déjà parlé naguère : lors de son audition par un juge versaillais dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de son garde du corps Stevan Marković, Delon avait reconnu qu’il avait participé à des relations sexuelles avec celui-ci et sa femme de l’époque, Nathalie – dont le vrai nom était Francine Canovas, et non pas Nathalie Canovas, comme l’a dit le commentaire mal informé. Or le contenu du procès-verbal d’audition avait été divulgué par « Le Canard enchaîné », cette grande conscience de la presse de gauche, qui se vante souvent de ne JAMAIS dévoiler la vie privée de ses cibles. Delon voulut attaquer le journal, mais son avocat réussit à le convaincre de n’en rien faire, évitant ainsi un effet Streisand par anticipation. Passons... On a également été très discret sur les relations amicales du couple Delon avec le couple Pompidou, qui ont cessé lorsque des magouilleurs gaullistes, désireux de flinguer Pompidou, ont fait fabriquer et circuler des photos truquées de sa femme Claude en compagnie du même Marković. J’ai vu ces photos, publiées par le général Claude Clément dans un livre, elles étaient grotesques et n’auraient pas trompé un enfant de cinq ans. Et on n’a pas dit que Delon, se proclamant gaulliste, avait acheté l’original du texte de l’appel du 18 juin, et l’avait offert à l’Institut Charles de Gaulle.

Delon, dans toutes ses interviews, s’est montré modeste, pas du tout dans le style que lui ont attribué les Guignols – ce qui ne surprend pas ceux ayant visionné le bonus du DVD édité pour Le guépard. Il n’a dit que du bien des réalisateurs qui l’ont fait travailler, et auquel il reconnaît qu’il doit tout : Yves Allégret, qui a insisté pour lui donner son premier rôle ; René Clément, qui a, contre son projet initial et sur intervention de sa femme Bella, accepté de lui attribuer le rôle de l’assassin Tom Ripley dans Plein soleil ; Visconti, qui l’a porté aux sommets avec Rocco et ses frères et Le guépard et l’a fait débuter au théâtre, en compagnie de Romy Schneider, dans Dommage qu’elle soit une putain (pièce élisabéthaine de John Ford, que j’ai vue dans une autre version bien plus tard), et Jean-Pierre Melville. À l’occasion, on découvrait que Delon a été un très bon acteur dès ses débuts – contrairement à Yves Montand, qui était assez mauvais dans Les portes de la nuit et Le salaire de la peur – y compris au théâtre, alors qu’il ne voulait pas faire ce métier et qu’il préfère la solitude.

J’ajoute, ce que le documentaire de France 3 n’a pas dit, que la générosité de Delon est bien connue de ses amis, et... qu’il sait se moquer de lui-même et de sa réputation, comme en témoigne ce petit extrait d’un de ses pires films.

Publié dans Télévision, Acteurs, Cinéma

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