Déboulonnons : Colbert (1)

Publié le par Yves-André Samère

Vous en êtes restés à l’image d’Épinal – que votre institutrice vous a fourrée dans le crâne – et qui faisait de Colbert un ministre sérieux (comme ils le sont tous dans notre pays : voyez Jean-Yves Le Drian, qui s’est assis sur la règle interdisant le cumul des mandats ; ou Ségolène Royal, qui collectionne les reculades en feignant d’avancer ; ou Myriam El Khomri, qui se fait ridiculiser à la radio par Jean-Jacques Bourdin, parce qu’elle ne connaît pas ses dossiers), et vous ne connaissez de Colbert que le passionné de travail, se frottant les mains de contentement lorsqu’il découvrait, le matin, son bureau chargé de dossiers à traiter ? Eh bien, on vous a roulés dans la farine, car le vrai Colbert était d’un autre calibre. Mais il jouissait de la confiance totale de Loulou-la-Fistule, parce qu’il avait accepté d’élever dans sa propre famille le fils adultérin que Sa Majesté avait eu avec Louise de La Vallière, le pauvre Louis de Bourbon, comte de Vermandois, qui devint encombrant quand sa mère, rongée du remords d’avoir été à dix-sept ans la maîtresse du roi sans la bénédiction de Dieu, décida de se retirer du monde et d’entrer au Carmel de la Rue Saint-Jacques le 4 juin 1675. Drôle de mère, soit dit en passant, qui abandonne ses enfants (elle avait eu aussi une fille, et deux garçons, Charles et Philippe, morts auparavant) pour expier le fait de les avoir eus !

Pourquoi pauvre Louis de Bourbon ? Parce que son royal père découvrit son homosexualité quand le garçon eut quinze ans, or il « haïssait à mort ces sortes de débauches » (sic – déjà, avec son propre frère...), et qu’il le fit battre à coups de canne « jusqu’au sang » par un domestique, avant de l’envoyer à la guerre, où, bien entendu, il mourut (« d’une forte fièvre », dit-on), à seize ans. Ayez donc des parents !

Ce qui précède n’est qu’une entrée en matière, car, dans les jours qui suivent, je vais m’occuper de Colbert, qui s’est prodigieusement enrichi, et s’est ingénié – avec succès – à faire arrêter et condamner Nicolas Fouquet, ce qui lui permit... de prendre sa place. Mais il a fait pis, et je vous le raconterai. Un véritable salopard, le grand ministre. Encore un déboulonnage en perspective.

(Je suis bien placé, géographiquement, puisqu’il est enterré à deux pas de chez moi, dans l’église Saint-Eustache, en compagnie de Marivaux et de... Scaramouche ! Qui valaient infiniment mieux, mais n’étaient QUE des artistes)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

B
Ne pas oublier que Colbert est l'auteur du Code Noir, qui a régit la vie des esclaves noirs pendant 2 siècles. En inventant tous les sévices, en classant les esclaves comme des "meubles"
Répondre
Y
Je ne l’oublie pas. Mon article n’est que le premier, et j’en prévois d’autres.
G
Bonjour<br /> Je suit Mazarine et je découvre que Mme de La Vallière est eb
Répondre
G
Bonjour<br /> Je découvre votre blog en suivant Mazarine et je tombe sur Mme de La Vallière qui entre au couvent en 1975...<br /> J'aime les iconoclastes donc votre blog.<br /> Cordialement
Répondre
Y
J’ai corrigé l’erreur de date. Cela se produit souvent, car un complot des fabriquants de clavier fait qu’ils s’ingénient à placer le 6 près du 9. <br /> <br /> Cela dit, merci. Les iconoclastes devraient recevoir la Légion d’Honneur. J’attends...
H
Monsieur, jusqu'à ce matin j'ignorais votre existence et par conséquent celle de votre blog. Merci de vos mauvaises humeurs dont je me délecte au lieu de travailler... . Sensible au mal que vous dites du "grand" Colbert, je me permets d'ajouter à votre contribution une modeste peau de banane, qui vous réjouira je l'espère... Voici donc l’amusante origine du nom de ce grand serviteur de la France. A l’origine, libertinus désigne en latin le fils d’esclave affranchi, qui se nomme lui-même libertus. Ce statut particulier fait des libertini une sorte de caste à part dans la société, que les Latins qualifient en utilisant le préfixe collectif co. Ce sont les coliberti, qui sont fort mal vus. Ce terme coliberti s’est transformé en français médiéval en cuivert ou culvert, pour donner le substantif cuivertise, ou culvertise, qui a finalement donné couardise, c’est à dire lâcheté, le descendant d’esclave étant par essence incapable de bravoure. C’est de là que vient le nom de Colbert, ce que n’ignorait pas le grand homme et qui en souffrait tant qu’il prétendait descendre d’un mystérieux baron suédois de Kholberg, alors qu’il était prosaïquement le fils de son père, humble marchand drapier à Reims à l’enseigne de L’Homme pendu... Il est amusant de constater que ce nom de Colbert, qui signifie donc lâche, a été donné à l’un de nos plus prestigieux navires de guerre ! Bien à vous. HV
Répondre
Y
Intéressant. Je vais noter tout cela. Merci.