Une chute de De Gaulle (mais pas politique)

Publié le par Yves-André Samère

Ne respecter que ce qui est respectable, il n’y a pas d’autre règle de conduite pour qui entend penser par lui-même. Et, après tout, cela fait un an qu’on nous bassine à longueur de journée avec le slogan « Je suis Charlie » et l’impertinence de ses dessinateurs qu’on feint désormais de porter aux nues chez les politiques, parce que c’est bon pour l’image, ça, coco. Il est donc tout à fait normal et sain de se moquer des personnages dont les médias ont fait des dieux intouchables.

En conséquence, voici une image que probablement vous ne verrez nulle part ailleurs. Elle n’a été publiée qu’une seule fois, au quatrième trimestre de 1967, dans une revue satirique qui a disparu depuis longtemps, « Le Crapouillot », qui avait été de gauche avant la guerre et avait ultérieurement été rachetée par un éditeur d’extrême droite, la Société d’Éditions Parisiennes Associées (l’un des trois membres du conseil de direction était Jean-François Devay, directeur de « Minute », mort plus tard d’un cancer). Cette revue reparaissait donc, ayant complètement changé d’orientation, et consacrait son premier numéro à De Gaulle.

Le document en question a été pris aux obsèques du maréchal Alphonse Juin, mort en janvier 1967, et qui avait été le seul général de la Deuxième guerre mondiale à être fait maréchal de son vivant (je rappelle que pour être nommé maréchal, il fallait avoir commandé en chef, et victorieusement, face à l’ennemi). Juin avait deux particularités : il était né en Algérie, à Bône, et s’était opposé publiquement à la politique algérienne de De Gaulle ; et, autre trait unique, il était le seul au monde qui tutoyait De Gaulle, ce qui n’était autorisé ni à la femme ni aux enfants de celui-ci !

De Gaulle n’était pas en très bonne santé dans ses dernières années. Il était diabétique et souffrait depuis vingt-cinq ans de déséquilibre endocrinien. Il avait été opéré de la cataracte avant de revenir au pouvoir en 1958, puis d’une tumeur de la prostate ensuite, à l’Hôpital Cochin. Il suivait un traitement hormonal, et avait une artérite des membres inférieurs, qui provoqua la chute immortalisée sur la photo. Inutile de dire qu’il était très bien soigné.

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