Un dyslexique dans ses œuvres

Publié le par Yves-André Samère

Quand vous êtes en convalescence, vous ne souffrez pas forcément le martyre, mais deux inconvénients apparaissent. Un : vous avez du mal à vous endormir parce que toutes les positions sont inconfortables, et deux : vous êtes pris d’une sacrée flemme ! Pour vous dire, je passe mon temps à lire, j’écris très peu, et je ne vais plus du tout au cinéma (il est vrai qu’on ne passe que des navets en ce moment, et ne me parlez pas de DiCaprio).

J’écris peu, pas tellement pour vous épargner, mais parce qu’en temps ordinaire, je suis déjà dyslexique à un point rare. Or, là, ça empire ! Oui, je sais, j’en entends d’ici quelques-uns qui disent « Cesse d’avancer ce bobard de ta dyslexie, tu cherches uniquement à te faire plaindre ». Mais pas du tout, car je ne répands jamais de bobards, et voici ce que cela donne chez moi, en deux temps.

Le petit texte ci-dessous, je vais le taper sans me soucier des ravages que feront mes doigts. Je prie les admirateurs de La Fontaine de ne pas m’envoyer d’injures, j’aime le fabuliste autant qu’eux :

La cigale, ayant cjanté tout l’été, de trouce voft dépourvue qna dla bise fut venur. Pass leplus petutmorecau de mil ou de verlissieau. Elle alla crier famine chez la foiurmi, sa voisine, lepriant de lui rêtr quelque grainn pour subsister jusqu’à la sason nouvelle0 « Je vous paerai, liui delle, avant l’aoput, foi fd(animal, inbtérpet et pprincipal ô Le fourli,n(est paqs prepeuse,n c’st là on mloindrez défaut. « Que faisiezèbvous au tremps chaud ?  ├, dit-elle à ette empruneuste. « Nuit et jour à tout venant je chantais, ne vous dpélaise – VIOys cnahiez, j’en suis fort ais, et=h bien dansez maintenant .74

Et le même texte, que j’avais tapé en deux minutes et vingt-neuf secondes, le voici après un copié-collé et sa correction :

La cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue. Pas le plus petit morceau de mil ou de vermisseau. Elle alla crier famine chez la fourmi, sa voisine, la priant de lui prêter quelque grain pour subsister jusqu’à la saison nouvelle. « Je vous paierai, lui dit-elle, avant l’août, foi d’animal, intérêt et principal ». La fourmi n’est pas prêteuse, c’est là son moindre défaut. « Que faisiez-vous au temps chaud ? », dit-elle à cette emprunteuse. « Nuit et jour, à tout venant, je chantais, ne vous déplaise. – Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien dansez, maintenant ».

Correction du texte en trois minutes et onze secondes.

Total : pour produire ces quelques lignes, cinq minutes et quarante secondes. Par chance, je n’ambitionne pas d’être Balzac.

Publié dans Curiosités, Santé

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Même diagnostic que Danièle : vos doigts n'en font qu'à leur tête.<br /> Tout simplement, vous ne vous êtes pas fait suer pendant 9 mois à apprendre le clavier avec un cache au-dessus des mains. Touches de repère, et un grand tableau avec les touches représentées au-dessus de votre tête. Rue, are, roi, pendant une heure, etc...<br /> Une fois les réflexes pris, c'est comme la bicyclette, ça ne s'oublie pas. Et vous ne regardez jamais le clavier.
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Y
J’ai tenté trois ou quatre fois ce genre d’apprentissage, mais j’y suis allergique, et je déteste m’ennuyer. Je tape avec deux doigts. Et ne me parlez pas de bicyclette, je suis incapable de tenir en équilibre sur un pareil engin !
D
J'ai bien étudié votre texte et j'ai une bonne nouvelle pour vous car mon diagnostic est celui-ci:<br /> vous n'êtes pas dyslexique.<br /> Vous êtes atteint d'un léger mal tout à fait réparable: "la flemmingite des doigts" que vous laissez aller à leur guise et à grande vitesse, n'importe où sur le clavier.<br /> Voilà. (ça c'est pour vous énerver).<br /> Je vous fais cadeau de la consultation car je suis bien contente de pouvoir à nouveau vous lire (et de pouvoir rédiger moi-même de temps à autre une "ânerie quelconque") et que vous avez assez donné aux corps médical et para-médical ces derniers temps.
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Y
Merci. En fait, mes doigts ne sont pas atteints de flemmingite, ils ont tout simplement pris leur indépendance, et donc n’en font qu’à leur tête (la tête de mes doigts, tiens ! une idée à creuser pour un prochain article).