Le gaullisme est-il une maladie mentale ?
Un lecteur ultra-gaulliste (comme 99,99 % de la population française), dont je pense deviner qu’il est très jeune – son orthographe et son vocabulaire le trahissent –, qu’il vit à Isigny, où il a décroché le Brevet des collèges l’année dernière avec mention bien, et qui aurait mieux fait de rédiger un commentaire plus court s’il avait voulu que je le valide (le commentaire, pas le lecteur), s’agace de ce que, il y a presque cinq ans, j’ai qualifié De Gaulle de « général à titre temporaire recruté par un Premier ministre britannique après de longues recherches chez les exilés inoccupés ». Et il argüe ainsi : « Ce n’est pas Churchill qui vint volontairement soudoyer le général mais le général qui vint se mettre dans les pattes de Churchill de son plein gré pour se faire entendre ».
Ça, c’est le pavé de l’ours ! En somme, Churchill n’a pas soudoyé De Gaulle (hypothèse légèrement insultante pour les deux, et que jamais je n’ai avancée), c’est De Gaulle qui serait allé tirer la sonnette de Churchill. Aujourd’hui, on écrirait qu’il est allé passer une audition – un casting, si vous préférez ce charabia. J’ai du mal à considérer cela comme plus honorable...
De toute façon, De Gaulle n’a jamais été un premier choix pour Churchill, et cela a été rapporté, je crois, par William Manchester, qui a publié une monumentale biographie de Churchill, quoique je ne suis pas certain de la source.
Par ailleurs, jouant sur les mots et parce que j’avais écrit que la Résistance française n’avait pas été créée par De Gaulle mais qu’elle avait été l’œuvre « de la piétaille des petits et des sans-grades », mon commentateur en conclut que les « meneurs n’auraient été que des lâches », mot que nulle part je n’ai employé, et qui, là encore, indique un lycéen de seconde.
C’est curieux, la dialectique : on prête à ses interlocuteurs des expressions qu’ils n’utilisaient pas, puis on le leur reproche. Georges Marchais a fait école. Mais je pardonne à ce sympathique garçon, car sa fougue est attendrissante, et il a des convictions, même si elles me font rire.