Einstein croyait-il en Dieu ?
C’est toujours agaçant d’entendre ou de lire qu’Einstein croyait en Dieu, sous prétexte qu’il aurait dit « Dieu ne joue pas aux dés ».
D’abord, la citation est fausse. En fait, dans un télégramme adressé le 25 avril 1929 à Herbert A. Goldstein, Einstein écrivait notamment ceci : « Je crois au Dieu de Spinoza, qui se révèle dans l’ordre harmonieux de ce qui existe, et non en un dieu qui se préoccupe du sort et des actions des êtres humains ». En d’autres termes, le dieu d’Einstein, c’est tout bonnement la Nature, et pas un être mythique omnipotent, omniscient et infiniment bon (on sait bien que la Nature n’est pas « bonne » au sens où on l’entend en général).
Bien au contraire, dans une lettre au philosophe Eric Gutkind du 3 janvier 1954, Einstein écrivait ceci : « Le mot Dieu n’est pour moi rien d’autre que l’expression et le produit de la faiblesse humaine, la Bible est une collection de légendes honorables, mais toujours purement primitives, et néanmoins assez puériles. Aucune interprétation, peu importe sa subtilité, ne pourra me faire changer d’avis. Pour moi, la religion juive, comme toutes les autres religions, est l’incarnation des superstitions les plus enfantines ».
Cela étant dit, quand bien même le plus grand savant du monde affirmerait telle ou telle chose, faudrait-il le croire ? Non, car cela est un argument d’autorité, et son savoir n’implique pas que tout ce qu’il affirme est vrai. Durant des siècles, on n’a juré que par Aristote, et on tenait pour vrai tout ce qu’il disait alors qu’il se trompait fréquemment et ne produisait aucune preuve : ne croyait-il pas aux quatre éléments, le Feu, l’Air, l’Eau et la Terre ? Après tout, des millions d’enfants ont cru au Père Noël, et des centaines de milliers d’adultes croient au monstre du Loch Ness ou aux extraterrestres de Roswell !
Bref, la science n’est pas une affaire de démocratie, et on ne valide pas une vérité scientifique par un vote à la majorité.