L’affiche aux diamants

Ce que j’apprédie le plus chez les politiciens, c’est l’ardeur qu’ils mettent à se glisser mutuellement des peaux de banane sous les pieds. Il n’y a pas d’autre corporation, hormis celle des acteurs, où l’on se haïsse autant. Aussi ai-je longtemps cherché l’image de cette affiche datant de la campagne électorale de Giscard pour l’élection présidentielle de 1981.

À cette époque, Chirac, qui avait été son Premier ministre, le haïssait pour une raison capitale : invité à dîner au Fort de Brégançon, la résidence présidentielle pour les vacances, il avait connu l’humiliation suprême de devoir s’asseoir sur une chaise, alors que le maître des lieux prenait place dans un fauteuil. Avouez qu’il y avait de quoi, ensuite, démissionner de son poste et s’emparer du parti gaulliste pour se présenter contre lui à l’élection suivante !

À cette élection, néanmoins, Chirac avait été éliminé dès le premier tour. Restaient au second tour Giscard, centriste, et Mitterrand, candidat de la gauche. Chirac avait donc décidé de faire voter en faveur de... Mitterrand, et, pour cela, les équipes gaullistes de colleurs d’affiche, envoyées par Charles Pasqua, avaient eu mission de coller sur les affiches de Giscard, à l’emplacement des yeux, des papillons en forme de diamant, destinés à rappeler aux électeurs les fameux diamants que Bokassa, ancien « empereur » de Centrafrique, depuis renversé par un commando français et qui dès lors gardait une dent contre son ex-« cher cousin », lui avait offert au temps de leur amitié, Giscard étant alors simple ministre des Finances.

Bref, l’image de cette affiche ainsi améliorée, je l’ai cherchée partout sur Internet, mais elle ne se trouvait nulle part, apparemment. Jusqu’aujourd’hui, puisque je viens de l’y mettre ICI.

Merci donc à France 3, qui l’a utilisée dans son documentaire diffusé hier soir, Giscard de vous à moi - Les confidences d’un président, d’où je l’ai extraite. J’aurais d’autres remarques à faire sur cette émission, mais ce sera dans une autre notule.