L’oreille absolue existe-t-elle ?
D’un chef d’orchestre réputé ou d’un virtuose célébre, on entend souvent dire qu’il a « l’oreille absolue ». Cela signifie que si vous lui faites entendre, par exemple, un la bémol 3, il vous dira sans hésiter que c’est un la bémol 3, et pas un sol 5 ou un ré dièse 2.
Eh bien, à mon avis, c’est un abus de langage, car l’oreille n’est pour rien dans cette faculté !
L’oreille, pour les sons, n’est jamais qu’un récepteur, mais elle est incapable d’identifier les notes de musique par leur nom. La vérité est que seul le cerveau, et particulièrement la mémoire, peuvent faire ce travail. En effet, lorsque le cerveau entend une note pour la première fois, dans l’enfance le plus souvent, il en retient les caractéristiques, et, par la suite, à l’audition d’une autre note, il est capable d’évaluer l’intervalle qui la sépare de la référence initiale, par une comparaison dérisoirement facile. Et donc, de la nommer.
La meilleure preuve que cette explication n’est pas fantaisiste, c’est que les sourds peuvent conserver cette faculté : Beethoven était devenu sourd, mais il est resté capable d’entendre en imagination les notes de musique, et a continué de composer.
(Heureusement. Sans ça, il n’aurait jamais pu écrire le Boléro de Ravel)