« Allô ? Ici Fleury-Mérogis. Ne coupez pas ! »
Alors, comme ça, le ministre de la Justice aurait l’intention de doter d’un téléphone fixe les cellules de prison, sous réserve qu’elles n’abritent qu’un seul détenu ? (Oui, pour éviter les bagarres entre compagnons de cellule, on comprend) Géniale, cette idée ! Voilà une annonce qui a tout du ballon d’essai, le genre de bobard qu’on lance pour voir quelles seront les réactions du public et des médias.
D’abord, le ministère n’a pas d’argent pour construire des prisons supplémentaires, et laisse déjà s’entasser les détenus dans des conditions déplorables. Mais on se doute bien que ce n’est pas l’État qui paiera la facture, et que le fournisseur d’accès, probablement France Télécom, règlera la douloureuse... et se remboursera grâce au tarif des coups de téléphone passés depuis les cellules : soixante centimes d’euro la minute, dit-on. Presque rien. Alors que chez Free, le téléphone est gratuit, que ce soit par fixe ou par mobile. Cette opération serait motivée par le désir de couper l’herbe sous le pied des prisonniers qui introduisent en fraude des téléphones mobiles dans les cellules. Le but est louable, mais à ce tarif-là, je ne prévois pas que les volontaires vont se bousculer pour réclamer un téléphone fixe dans leur lieu de villégiature.
Je subodore dans ce magnifique projet quelque chose qui rappelle les portiques naguère installés sur les routes et destinés à taxer les camions venus de l’étranger, dont les chauffeurs avaient le culot de vouloir traverser la France sans y laisser une obole. Ségolène Royal s’était illustrée une fois de plus, à la fois dans la défense de leur installation, puis de leur désinstallation. Chère Ségolène, tu nous manques. Pourquoi ne te nomme-t-on pas au ministère de la Justice ? Tu y ferais merveille, comme toujours.