Jean Piat
Tenez-vous bien, je vais dire du bien d’un acteur. Et même, d’un acteur classé à droite. Ce matin, on a annoncé la mort, survenue hier, de Jean Piat. Je ne l’ai jamais vu sur scène, mais au cinéma et à la télé, si. On ne peut pas oublier qu’il a été Robert d’Artois, dans le feuilleton Les rois maudits – la version de 1972, pas celle de Josée Dayan, qui ne valait pas un clou.
Piat a eu un parcours professionnel exceptionnel, puisqu’il a débuté sur une vraie scène à l’âge de... quatorze ans, et qu’il a vécu jusqu’à quatre-vingt-quatorze ans (sa notice dans Internet Movie Database est erronée, qui ne lui en accorde que quatre-vingt-treize). Admis à la Comédie-Française à dix-sept ans, seul Orson Welles avait fait mieux lorsqu’il s’est présenté aux patrons du Gate Theatre de Dublin à l’âge de seize ans, où il a raconté un énorme bobard : il prétendait être déjà une vedette aux États-Unis ! Je doute que Hilton Edwards et Micheál Mac Liammóir l’aient cru sur parole, car ils connaissaient la musique, mais ils l’ont quand même engagé, et il y a obtenu un tas de rôles, surtout dans les pièces de Shakeapeare.
Engagé sur son seul talent au Théâtre-Français, où l’on n’entre pas sur sa seule bonne mine, Jean Piat a donc travaillé durant quatre-vingts ans, record qui semble difficile à battre. Sa mort attriste tous ceux qui l’ont vu, sur scène ou à la télévision. Au cinéma, il a été très peu engagé, et seulement dans de petits rôles. On ne peut pas être partout.