Assez de micro-trottoirs !

Je ne rate jamais une occasion d’écrire que j’ai en horreur les micro-trottoirs, qu’ils soient radiophoniques ou télévisés. Ce procédé paresseux, qui consiste à « faire témoigner » des passants en supposant qu’ils savent quelque chose d’intéressant, n’est que le contraire du journalisme. Autrement dit, un abus de confiance envers le public.

Ce soir, la démonstration en a été faite dans Quotidien. On y a rediffusé cette déclaration, faite au soir de l’attentat de Strasbourg, d’un jeune homme qui s’est vanté de connaître très bien le tueur, s’étendant sur le fait que c’était un garçon très gentil, et quasiment « un grand frère » pour les jeunes de son quartier. Or le journaliste qui l’interviewait n’a pas pris garde qu’à l’heure où il recueillait ces propos, personne ne connaissait l’identité du tueur, ni la police, ni les médias, ni qui que ce fût – à plus forte raison, le prétendu témoin. Comment celui-ci pouvait-il savoir de qui il parlait ?! Le journaliste n’aurait-il pas dû faire fonctionner un peu ses petites cellules grises, avant de remettre à ses chefs l’enregistrement de cette interview bidon ?

Le faux témoin, peu après, s’est filmé et a mis en ligne la vidéo, dans laquelle, en se marrant copieusement, il reconnaissait qu’il avait tout inventé pour se moquer des médias. Si seulement ce fait pouvait servir de leçon aux gens trop pressés de publier des scoops qu’ils feraient mieux de flanquer à la poubelle !