Bastille : démontons... la balustrade !

Publié le par Yves-André Samère

Ce n’est pas grand-chose. Juste un potin comme on les aime, c’est-à-dire de ceux qui montrent les prétendus Grands de ce monde sous leur vrai jour : mesquins et bouffis de vanité.

Aujourd’hui, François Mitterrand.

En 1989, on fêtait le bicentenaire de la Révolution Française. Outre les festivités, on avait lancé de « grands travaux » décidés par Mitterrand seul – j’y reviendrai –, et qui brillaient surtout par le mauvais goût. Au premier rang de ces coûteuses lubies, un nouvel opéra à Paris, édifié à la Bastille, à la place de l’ancienne gare.

Précisons que Mitterrand détestait l’opéra et n’y allait jamais. Le but de l’opération était de casser les syndicats (de gauche !) qui faisait, de l’Opéra-Garnier, une salle inexploitable : elle était presque toujours fermée ! On avait donc pensé diviser pour régner, en ayant DEUX opéras.

Le nouvel opéra, dit Opéra Bastille, fut inauguré... alors qu’il n’était pas tout à fait terminé, le 13 juillet 1989. Étaient invités trente-cinq représentants des plus grandes démocraties, même si ces représentants étaient d’aussi grands démocrates que Margaret Thatcher et Benazir Bhutto. Sans compter George Bush père... Mais, en dépit de leurs titres, avant de les laisser entrer tous ensemble dans la grande salle, on les avait parqués dans une petite pièce où le plâtre n’était pas encore sec, en attendant de les conduire en troupeau au premier balcon, par une porte dérobée ! Celui qu’on attendait, c’était Mitterrand, qui les avait invités. Lui avait décidé d’entrer seul, après tout le monde, faisant son arrivée par le grand escalier qui donne sur la place de la Bastille.

Hélas, le fameux escalier est coupé en deux, sur toute sa longueur, par une balustrade, une sorte de main courante permettant de s’appuyer – la montée est longue, donc rude. De sorte que le président aurait dû choisir sa volée de marches : celle de droite, ou celle de gauche ? Symboles... Devant ce dilemme, il prit la décision qui convenait : faire démonter la balustrade ! Dans la foulée, on dut démonter aussi l’arrêt de bus et le réverbère qui se trouvaient dans son prolongement.

Et c’est ainsi qu’il put faire une entrée majestueuse. On était en République, non ?

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