Exquise pudeur de nos journalistes

Publié le par Yves-André Samère

Aujourd’hui, la Poste est en grève, pour protester contre la privatisation – intention évidente mais que le gouvernement nie, d’ailleurs. Sur France Inter, Nicolas Demorand reçoit Christine Lagarde, ministre de l’Économie. Deux questions seront posées sur la Poste.

Première question de Demorand : Sarkozy avait juré que « jamais, au grand jamais », on ne privatiserait GDF, or on a vu ce que valait cette profession de foi. Comment, par conséquent croire aux promesses que jamais on ne privatisera la Poste ? Réponse de madame Lagarde : il faut croire à la détermination du gouvernement de préserver le service public. Pas de réponse, donc. Demorand ne relance pas la question. « Il faut croire » qu’il y croit.

Seconde question de Demorand : selon Besancenot qui était ici hier matin, l’État doit des sommes énormes à la Poste et ne paye pas. Pourquoi ? Réponse de madame Lagarde : la Poste est une entreprise qui va très bien et gagne de l’argent. Pas de réponse, donc. Demorand ne relance pas la question. « Il faut croire » qu’il y croit.

Cette passivité des journalistes français fait l’étonnement et la joie de leurs confrères étrangers, qui n’en reviennent pas. Dans son livre Journalistes à la niche ? (mal écrit, mais bourré de remarques judicieuses), Bruno Masure rappelle, page 471, qu’« un journaliste vedette de la BBC, Jeremy Paxman, a pu se permettre de poser douze fois la même question à un ministre jusqu’à obtenir une réponse précise, sans passer pour un odieux adversaire politique ».

Qu’est-ce qu’ils craignent, nos journalistes ? Qu’on leur fasse les gros yeux ?

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