Admirez ce que nous avons de mieux !

Publié le par Yves-André Samère

Les Lillois sont très fiers – et je le confirme pour l’avoir observé – du fait que, pendant la Grande Braderie qui se tient chez eux chaque année au début de septembre, on mange une telle quantité de moules que les restaurants et les cafés se lancent le défi suivant : réaliser, avec les coquilles vides, le plus gros tas possible... sur le trottoir ! J’en ai vu de deux mètres de haut, mais on me dit qu’il y a mieux.

Bien entendu, l’exploit est immortalisé par les touristes et par les Lillois eux-mêmes, qui prennent force photos, car il serait dommage de ne pas en faire profiter le monde entier via Facebook. Je me demande si là ne résiderait pas la solution à nos difficultés économiques. Réfléchissons : au lieu d’envoyer les touristes étrangers au Louvre pour y photographier la Victoire de Samothrace, qui est dans un si triste état qu’on cherche des sous pour la rénover, ou la Joconde, qui est si ridiculement petite que personne ne peut vraiment se vanter de l’avoir vue et donc photographiée (et d’autant moins, masse de visiteurs aidant, qu’il est impossible de stationner devant, plus d’une demi-seconde), pourquoi ne pas remplacer ces deux vestiges d’un style dépassé par des tas de coquilles de moules importées de Lille ? Tant qu’on ne touche pas à cette très jolie tête représentant un prince de la famille des Antonins, naguère étiquetée « Annius Verus, fils de Marc-Aurèle », et dont j’ai une copie dans mon grand salon d’apparat, je m’en fous.

À la substitution susdite, je vois plusieurs avantages : débarrasser les trottoirs de la capitale des Flandres de cet excédent calcaire ; moderniser les expositions de notre grand musée national ; donner un coup de fouet salvateur aux services de transport des voieries lilloise et parisienne ; et contenter les étrangers, qui manifestent un goût si sûr en préférant photographier nos ordures plutôt que les œuvres du passé – que, convenez, on commence à avoir suffisament contemplées. C’est shell qu’ils aiment !

Notre avenir est dans nos ordures.

(Mais non, cette conclusion n’a aucune connotation politique)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Oui, mais Marseille, c’est tout le temps. Lille, c’est seulement en ce moment.
Répondre
D
Marseille, vous oubliez Marseille ! Ville réputée pour ses tas récurrents d'ordures-grève des éboueurs.
Répondre