Anniversaire d’une mort douteuse

Publié le par Yves-André Samère

Ce 30 mai, des centaines de milliers de naïfs ont commémoré l’anniversaire du supplice de Jeanne la Pucelle, brûlée à Rouen. Or l’évènement n’est pas certain, et voici pourquoi.

D’une part, les organisateurs de ce barbecue avaient tout fait pour que personne ne puisse vérifier que c’était bien Jeanne qui était sur le bûcher. Je l’ai mentionné récemment, la suppliciée, qui était peut-être UN supplicié, était masquée par une cagoule, et un cordon de soldats entourait le bûcher, dont nul ne pouvait s’approcher. Notons au passage que la victime n’est pas morte brûlée, mais asphyxiée par la fumée. Or il y a eu une suite.

En 1436, cinq ans après, fut signalée un peu partout la présence d’une jeune femme qui ressemblait étonnamment à Jeanne, mais, comme les documents d’identité n’existaient pas, il était impossible de vérifier si elle disait vrai en prétendant qu’elle était la véritable Jeanne, et qu’on lui avait substitué une autre condamnée. Elle se rendit d’ailleurs à Domrémy, parce que la famille d’Arc demandait à voir celle qui signait « Jeanne du Lys », le nom qu’elle portait depuis que le roi l’avait anoblie. Sa mère présumée Isabelle Romée ne la renia pas, et ses frères Pierre et Jean ne manifestèrent aucun étonnement. Elle fut aussi reçue à Orléans par la municipalité, qui lui remit une grosse somme d’argent pour avoir naguère sauvé la ville.

Plus tard, elle se réfugia au château d’Arlon, connut Robert des Armoises, comte de Tichemont, et l’épousa... avant de le quitter pour un autre homme ! Elle fut aussi reçue par son ancien compagnon d’armes Gilles de Rais, maréchal de France, dans son château de Tiffauges. Lui non plus ne mit pas en doute son identité.

Enfin, last but not least, le roi Charles VII l’invita au château de Chinon, se dissimula parmi les courtisans pour voir si elle le reconnaîtrait, ce qui eut bien lieu. Mais, plus tard, elle fut arrêtée pour débauche, jugée pour imposture et mauvaises mœurs, avoua qu’elle avait tout inventé, ne put donner son vrai nom, et fut condamnée à... un jour de pilori.

Après cela, elle se remaria avec un certain Jean Douillet, avec qui elle tient une maison de tolérance, ce qui lui valut la prison.

Résumons : cette Jeanne-là fut reconnue par la famille d’Arc, par Gilles de Rais et par le roi. On peut en tirer les conclusions qu’on voudra.

Il y eut trois autres Jeanne par la suite dans la région de Saumur, et une quatrième au Mans, en 1456.

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