Après les chevaux, les moutons

Publié le par Yves-André Samère

On sait que la ville de Paris s’est dotée d’un grand maire (qui a de grandes dents), Bertrand Delanoë. Un tel génie ne pouvant se contenter d’un poste aussi modeste, Bert aurait bien aimé devenir ministre, quoique, à mon avis, il avait tort, puisque le maire de Paris est infiniment plus puissant que n’importe quel ministre, ne peut pas être congédié par le président de la République s’il cesse de plaire, et dispose d’un budget très supérieur à celui d’un ministère. Passons.

Delanoë s’est trouvé confronté au plus grave problème que la Ville ait connu depuis les évènements de la Commune, en 1871 : la gestion des pelouses de la capitale ! Comment, en effet, les tondre régulièrement tout en limitant l’emploi des divers engins mécaniques préposés à cet entretien, ainsi que celui des produits phytosanitaires (on ne dit plus « désherbants », c’est péjoratif), qui seraient un tantinet polluants.

Eh bien, nous allons commencer à le savoir à partir du mercredi 3 avril, puisque, ce jour-là, sera tentée une expérience de test sur un terrain en friche de deux mille mètres carrés, dans le dix-neuvième arrondissement, au 18 boulevard Sérurier. Ce terrain appartient au service des Archives de la Ville. Ce jour, donc, on va lancer sur les pelouses vierges quatre brebis, qui vont s’affairer, on l’espère, à y tondre un peu plus que la largeur de leur langue. Il paraît que « cette race, rustique et robuste, mange tout le temps » (mais attention aux frais de bouche, me souffle le ménage Chirac). Ces braves bêtes, qu’on a fait venir à Paris en novembre et qui ne pèsent qu’une quinzaine de kilos (on les a fait jeûner ?), proviennent de l’île d’Ouessant. Bravo ! La Bretagne va enfin servir à quelque chose.

Si l’expérience est concluante, on tondra ensuite les bois de Boulogne et de Vincennes, et les rives du canal de l’Ourcq (pourquoi pas celles du canal Saint-Martin ?). Les braves ovins ne mourront donc pas de faim. Je n’ai pas réussi à savoir si ces employés de la municipalité auront le droit de se syndiquer, ni quel sera le montant de leur salaire.

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