Avis contraire

Il y a une chose que je suis particulièrement heureux d’avoir désapprise : la honte de détester ce que tout le monde aime. Par exemple le foie gras ou les films de Tarantino, Luc Besson et Scorsese. Au fond, cela me rappelle cette phrase que j’avais lue dans un livre formidable écrit par deux Japonais, L’enfant d’Hiroshima, par Isoko et Ichirô Hatano – la mère et le fils. On peut trouver ce livre sur Amazon, il n’est pas récent mais a eu un énorme succès, et je vous le conseille.

Bref, dans ce livre, le fils dit à sa mère, après quelques péripéties familiales, qu’il vaut mieux « être fidèle à ce qu’on pense qu’essayer de faire plaisir aux gens » (je cite de mémoire, mais c’est à peu près les termes exacts). Il se trouve qu’ici j’écris tous les jours ou presque, et que je donne mon opinion sans fard. Or, au début, je tâchais de ne « choquer » personne, comme on dit bêtement. Puis je me suis aperçu que, quel qu’ait pu être mon avis sur tel ou tel sujet, même s’il était très éloigné de ce que tout le monde pense, il se trouve toujours quelqu’un pour être de cet avis et l’avoir donné de son côté, sans connaître mon existence. Par exemple, j’ai toujours eu en horreur cette horrible mégère que fut « mère » Teresa, mais je n’osais guère le dire. Parce que ça ne se fait pas. Que TOUT LE MONDE admire « mère » Teresa. Que c’est une SAINTE !

Tout ça m’a passé, et il n’en résulte aucun inconvénient. Vous n’êtes pas d’accord ? Grand bien vous fasse ! Cela m’amuse, même, d’asticoter les gens qui roulent sur des rails.