Charlot prend le train
De vieux grimoires nous apprennent qu’autrefois, quelqu’un de très avisé créa ce qu’il appela le principe de Peter. Ce principe reposait sur une observation très simple, qui se vérifiait dans la plupart des hiérarchies bureaucratiques, et qui énonçait ceci : tout individu placé dans l’échelle hiérarchique tendait à en grimper les degrés, jusqu’au moment où il atteignait son niveau maximal d’incompétence. Alors, son ascension prenait fin, mais... il n’était jamais rétrogradé au niveau inférieur. Il s’ensuit qu’on pouvait en tirer cette remarquable conclusion, que tout sommet de la pyramide était forcément occupé par un incapable achevant là sa carrière.
Eh bien, il semble que la SNCF et son compagnon, le Réseau Ferré de France auquel on a refilé les voies de chemins de fer tandis que la SNCF gardait les trains qui roulent dessus (à une vitesse aléatoire), sont gouvernés par des charlots, puisqu’ils viennent de découvrir que des centaines de trains express régionaux, commandé paraît-il en 2009, sont de vingt centimètres trop larges pour les quais. Un peu comme chez Apple : avec les nouveaux modèles, il faut tout racheter. La plaisanterie va coûter, dit-on, cinquante millions d’euros (soyons réalistes, vous pouvez multiplier par trois ou quatre).
Imaginez un instant que vous demandez à une entreprise de vous installer une fenêtre à double vitrage. Un artisan viendra chez vous, mesurera les dimensions qui conviennent, et, au jour dit, on vous livrera une fenêtre qui s’adaptera parfaitement aux dimensions prévues. Il est peu probable qu’elle débordera de vingt centimètres. Eh bien, ce travail simple et basique, la SNCF a été incapable de le faire.
Combien pariez-vous que Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF, ne sera pas renvoyé à ses chères études, et qu’on lui donnera un meilleur poste ? Moi, je mise sur une augmentation, une retraite chapeau et un golden parachute. L’exploit vaut bien cela.