Cocteau, cancre !
Il y a deux jours, avec quelque jubilation, je me suis payé la tête de Voltaire, pour une belle faute de français dans son texte de fiction le plus connu, Candide. Aujourd’hui, c’est le tour de Jean Cocteau, pour lequel j’ai beaucoup moins d’estime, car je le tiens pour une fausse gloire et un poète un peu bidon.
J’ai eu en effet l’envie de revoir à la télévision son film L’aigle à deux têtes, histoire d’une reine qui tombe amoureuse d’un jeune anarchiste, sosie du roi défunt, et qui était venu pour l’assassiner. Or, dès la première scène, à la cinquième minute, le grand-duc Félix, s’adressant à elle, lui dit « Sa Majesté veut-elle que, etc. ».
Une belle sottise, car le simple bon sens et la culture nous soufflent que, si on s’adresse à une reine, on ne la désigne pas par « SA Majesté », mais par « Madame », et rien d’autre. Double bévue, puisque la majesté n’est en aucun cas une personne, et que le pronom SA ne peut désigner celui auquel on parle (il faudrait VOTRE, plutôt que SA). Or cela, Cocteau, poète mondain quelque peu envahissant, ne le sait pas !
Mieux encore, la réplique est dite par Jean Debucourt, sociétaire de la Comédie-française et acteur illustre, et elle est entendue par deux actrices non moins illustres, Edwige Feuillère et Silvia Monfort, qui n’ont donc pas fait remarquer à leur metteur en scène qu’il s’emmêlait les pinceaux dans son dialogue.
Tout cela ne fait que renforcer la haute considération dans laquelle je tiens les acteurs, incapables de respecter leur instrument de travail : la langue française.