Dans le cinéma, on est moral !

Publié le par Yves-André Samère

Lorsque, à l’instar de votre (très humble) serviteur, on possède un sens moral très élevé, il arrive qu’on s’emballe trop vite. C’est ainsi qu’ayant remarqué, au générique de fin de la plupart des films de langue anglaise, que figurait la mention d’un location scout, je me suis indigné : « Quoi ! Ces milieux du cinéma qui nous font tant rêver sont à ce point dépravés que, presque systématiquement, l’équipe de tournage comporte un individu chargé de louer des scouts ! Pourquoi pas des louveteaux, tant qu’ils y sont ? »

Encore, on se contenterait d’embaucher, pour la détente des acteurs masculins, quelques collègues de la célèbre « grosse Lulu de la rue Blondel » dont parle si souvent Didier Porte, je comprendrais... Mais des SCOUTS !

Ah, certes, ces garçons reçoivent un entraînement qui les rend plus dociles que la moyenne, grâce à ce sens de la discipline hérité du fondateur (britannique) du scoutisme, Lord Robert Stephenson Smyth Baden Powell of Gilwell, baron et fils de pasteur, ce qui suffit à prouver sa moralité. Mais il y a des limites à la discipline.

Un rien soupçonneux, je me suis donc livré à ce qu’un journaliste de France Inter appellerait sans doute « une enquête poussée » (on connaît le souci de l’expression originale, dans cette corporation), et, après des mois d’enquête, j’ai été pleinement rassuré. L’équivoque venait en fait de mes insuffisances en anglais. En effet, dans la langue de Benny Hill, un scout est aussi un chercheur, un prospecteur, et pas seulement « un petit garçon en culotte courte avec un grand bâton », comme disait ce salaud de Desproges. Et le mot location désigne un endroit, un emplacement ; pas le fait de louer quelque chose à quelqu’un (comme dans l’expression « Dieu soit loué ! »).

Si bien que, dans une équipe de tournage, le location scout est le type qui cherche des endroits en extérieurs, pour y tourner telle ou telle scène. Il sera ainsi capable de vous indiquer la Mer de sable d’Ermenonville si vous désirez faire un remake de Lawrence d’Arabie.

Me voilà rassuré : il n’y a pas trace d’immoralité dans les milieux du cinéma !

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Exact. Mais les Français sont si compliqués !
Répondre
D
Si je ne m'égare pas, on appelle cela "repérages".
Répondre