Droit d’auteur à perpète ?

Et si l’on réduisait la durée pendant laquelle le droit d’auteur reste intouchable après la mort de l’auteur en question ? Cela ressemble à une question idiote, mais elle ne l’est pas tant que ça !

Au nom du respect du droit d’auteur et de la lutte contre le piratage, qu’ils rebaptisent souvent « droit moral » parce que cela passe mieux que « droit de se remplir les poches avec le travail des autres », les grands patrons des maisons d’édition qui commercialisent les œuvres tant écrites qu’audiovisuelles font des pieds et des mains pour en maintenair la durée, qui est actuellement, en France, de soixante-dix ans après le décès de l’artiste. Tant que court ce délai, ce sont les héritiers, qui n’ont pas fait grand-chose pour le mériter et ne se sont donné la peine que de naître, qui profitent du talent de leur ancêtre. Ils se désignent du joli qualificatif d’ayant droit, et font des procès à quiconque ne respecte pas ce « droit » sacré.

Le droit d’auteur, chez nous, est né après la Révolution, et on le doit, paraît-il, aux efforts de Beaumarchais. Or, à l’origine, il ne durait que... cinq ans, puis l’œuvre passait dans le domaine public, ce qui permettait au public d’en jouir librement. Or cette durée n’a cessé de s’accroître, et l’on parle de la porter à cent ans ! Ce serait assez pittoresque que cette mesure s’applique sous un gouvernement de gauche ; car enfin, le droit d’auteur relève de la propriété privée, et on voit bien à qui cela profiterait. Pourquoi pas la perpétuité, tant qu’on y est ? Mais c’est que, pour les ayant droits et les éditeurs, le domaine public relève du communisme, et « tue la création » !

Sachant que cette position est surtout celle des producteurs de cinéma, qui pensent qu’ayant investi des millions dans un film, ils ne peuvent pas être dépossédés de leur bien et devraient le conserver ad vitam aeternam, on voit comme tout cela est désintéressé.

(NB : le film Autant en emporte le vent est sorti en 1939, il y a soixante-treize ans ; il est toujours exploité et rapporte pas mal d’argent, surtout via le DVD et le Bluray. Or tous ceux qui ont participé à sa création sont morts depuis longtemps, à l’exception de l’actrice Olivia de Havilland, qui jouait Melanie et vit toujours : elle a plus de 96 ans. Où va l’argent qu’il rapporte ? À des gens qui le méritent, vraiment ?)