Je me fous du 11 septembre !
C’est Georges Brassens qui chantait « Le 22 septembre, aujourd’hui, je m’en fous ! ». Mais si tonton Georges se foutait du 22 septembre, et il devait avoir ses raisons, moi, c’est du 11 septembre, donc aujourd’hui, que je me fous.
Il y a dix ans, on nous invitait indécemment et contre toute logique à observer partout TROIS minutes de silence « en hommage » aux 2983 morts des États-Unis, mais personne ne nous a invité à faire ne serait-ce que trois secondes de silence en hommage aux morts causés par quelques évènements insignifiants se produisant ailleurs.
En effet, quand une catastrophe fond sur le Tiers-monde, ça ne produit pas le même effet médiatique. On n’interrompt pas les émissions de radio et de télé, on ne monte pas en hâte des éditions spéciales avec interventions téléphoniques d’auditeurs qui n’en savent d’ailleurs pas plus que les journalistes, on ne supprime pas les Guignols, on n’observe pas trois minutes de silence dans l’Europe entière, on ne convoque pas un défilé d’analystes politiques et de généraux en retraite rebaptisés « stratèges », on ne passe pas en boucle les images de la catastrophe, on ne prétend pas que c’est un tournant de l’Histoire et que « plus rien désormais ne sera comme avant », etc. Non, on reste sur le dogme des médias : le centre du monde, c’est l’Occident avec son chef de file états-unien, et tout le reste n’est qu’accessoire.
Eh bien, moi, j’ai fait comme Pierre Desproges le jour des obsèques de Tino Rossi : je n’ai pas observé trois minutes de silence, j’ai repris trois fois des moules.