Les cosmétiques se font mousser
Quelqu’un peut-il m’aider ? Je cherche à savoir pourquoi il existe autant de publicités pour les cosmétiques. Les femmes sont-elles bêtes au point de mettre des fortunes pour attraper un homme avec des pièges aussi grossiers ? Fortunes ? Lisez plus bas.
Il y a d’abord ce fond de teint, dont la pub passe à la télévision depuis quelques jours. La marque est Lancôme, mais sa publicité se garde bien de parler de fond de teint, non, ce serait trop vulgaire et ça ne se vendrait pas dans le septième arrondissement. Le pubeux de la marque a trouvé génial, comme on dit dans les cours de récré, de le rebaptiser « correcteur pigmentaire ». C’est ce crétin qui aurait besoin d’une correction. Il paraît que le produit est capable de cacher, non pas les taches sur le visage, mais « les inégalités colorielles ». Ma chère !...
Et puis il y a ce spot pour le parfum Bleu de Chanel, qu’on nous inflige depuis trois ans. Au Grand Journal de Canal Plus, et seulement là, on nous le passe entre six et huit fois par soirée, avant et après chaque « petite pause », comme dit ce grand pudique de Bern pour désigner les coupures publicitaires. Vous voyez de quoi je parle, c’est ce spot tout en bleu (histoire de ne pas faire de pléonasme, sans doute) où ce benêt de Gaspard Ulliel semble avoir avalé un métronome, vu sa façon de marcher en se dandinant. Le réalisateur est Martin Scorsese, metteur en scène largement surfait, qui, de toute sa carrière, n’a fait que deux films passables, Taxi driver et Raging bull, et depuis, se contente de remakes et de films ratés. Évidemment, un génie de ce calibre ne pouvait pas se borner à montrer le parfum dont il parle, donc son film n’a aucun rapport avec le produit qu’il prétend vanter.
Enfin, il y a ce film pour Shalimar, un parfum de Guerlain déjà ancien (il date de 1921, rien que ça, mais on s’efforce de le relancer), qui ne coûte que... 479,07 euros le flacon de 30 millilitres chez le vendeur le moins cher, mais 776,28 euros normalement, ce qui met le litre à 25 876 euros (et on se plaint que le romanée-conti soit cher). À la télé, ce spot chichiteux dure trente secondes, et fait dans l’exotisme asiatique, quoique la fille qui joue dedans est russe (c’est la maîtresse du patron de Guerlain, et « Le Canard » a révélé son nom, que je me suis empressé d’oublier. Malheureusement, le spot, placé sur YouTube, a ensuite été supprimé). Mais dans les salles de cinéma, ce machin à la musique grandiloquente vous est infligé pendant trois minutes et 2,6 secondes ! On a largement le temps d’aller aux toilettes, ce que je fais invariablement. À la fin, on voit le Taj Mahal qui surgit du fond d’un lac, où j’ignorais qu’il avait été englouti comme la cathédrale de Debussy – ou la ville bretonne d’Ys.
(Ne vous étonnez pas, j’ai enregistré le son de ce bidule afin de pouvoir le chronométrer avec précision. On s’embête tellement, dans les cinémas)